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AvisdĠExpert : Evolution des Žtudes qualitatives, Georges Guelfand[1]

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Georges GUELFAND est Dipl™mŽ de Lettres et de psychologie clinique ; formation en psychothŽrapie et psychanalyse ; expert reconnu des Žtudes qualitatives, Georges Guelfand est Directeur GŽnŽral de Synovate France (2005-2009) aprs avoir ŽtŽ Directeur AssociŽ dĠIPSOS INSIGHT MARKETING (1996-2000). Enseignant et auteur de deux ouvrages Ç Les Tribus EphŽmres È Ed. EPI (1973) ; Ç Paroles dĠ images - les techniques projectives appliquŽes aux Žtudes marketing È, Ga‘tan Morin Ed. (1999)), il intervient rŽgulirement dans la presse professionnelle.

Interview rŽalisŽ par Pierre Desmet.

Mr Guelfand, je vous remercie dĠavoir trouvŽ un peu de temps dans votre agenda chargŽ. Quel regard portez-vous sur la situation actuelle ?

AujourdĠhui, face ˆ la crise qui frappe notremodle Žconomique et face aux progrs des sciences et des nouvellestechnologies, de vŽritables mutations touchent les entreprises ; nonseulement les structures et le management, mais aussi les modles du marketinget de la communication.

Ces changements ne pouvaient manquer deconcerner les Žtudes qualitatives, mme si celles-ci nĠavaient pas attendu lesannŽes de crise pour Žvoluer en permanence.

Peut-tre pourriez-vous dĠabord dŽfinir les objectifs poursuivis lorsque lĠon fait appel ˆ une approche qualitative ?

Le qualitatif nĠa, bien sžr, pas vocation ˆmesurer, cĠest le r™le du quantitatif. On lui demande plut™t de donner des clŽspour mieux comprendre et pour anticiper les comportements dĠachats et deconsommation. CĠest aussi une dŽmarche permettant dĠamŽliorer les offres dĠuneentreprise en sĠappuyant sur la crŽativitŽ des individus. En bref :comprendre, Žvaluer, crŽer.

Peut-on vraiment considŽrer que les apports du qualitatif sont fiables ? aprs- tout ce nĠest que lĠavis de quelques consommateurs interprŽtŽs par le biais subjectif dĠun chargŽ dĠŽtudes ?

Je retrouve bien lˆ ton biais de quanti !La puissance du qualitatif cĠest la capacitŽ de recoupement : ce nĠest pasune phrase ou un comportement isolŽ qui est analysŽ mais bien la cohŽrence descomportements dĠun individu. Sur un autre plan, gr‰ce ˆ la dynamique de groupe,lĠanimateur peut faire jouer le pour le contre, et se rŽsoudre lescontradictions.

Et puis le qualitatif se diffŽrencieradicalement du quantitatif. Si celui-ci Ç compte È le poidsrelatif des perceptions, des attitudes et des comportements, les rŽsultatsdŽpendant directement de lĠinstrument et des Žchelles de mesure, le qualitatifoffre la possibilitŽ de contourner la face rationnelle et contradictoire desopinions et des comportements.

Pouvez-vous faire un panorama des Žtudes qualitatives ? On a parfois lĠimpression dĠun inventaire ˆ la PrŽvert avec des mŽthodes spŽcifiques voire exclusives ˆ certains instituts É

En effet, retracer les Žvolutions des Žtudesqualitatives nous permettra de mieux comprendre les enjeux des mutations encours. Cependant il faut bien comprendre quĠˆ partir de lĠidŽe dĠune mŽthode ilfaut ensuite de nombreuses annŽes pour la mise au point et ˆ la diffusion auxŽtudes marketingÉ prŽs de 15 ans pour les techniques projectives appliquŽes aumarketing. Ces raffinements ont permis de rendre nos Žtudes plus fiables, plusefficaces et plus Žconomiques.

- les Žtudes de motivations. CĠest le dŽbut desŽtudes qualitatives avec le transfert, auquel jĠai fortement participŽ, destechniques de crŽativitŽ dans le domaine des Žtudes qualitatives. Jusque dansles annŽes 70, le qualitatif se dŽfinissait comme mŽthode dĠanalyse desmotivations (1).Les mŽthodes dĠinterview Žtaient de nature purement verbale. Les recueilssĠeffectuaient principalement en salle ou ˆ domicile, en prŽsence duconsommateur : en entretien individuel ou en groupe.

Le qualitatif, entendu comme discipline,prtait alors – mais encore aujourdĠhui – ˆ de nombreusescritiques. Comment se fier aux dires dĠun consommateur, puisquĠil existe undŽcalage manifeste entre ce quĠil dŽclare et ce quĠil pense et ressent ?entre ce quĠil exprime et ce quĠil fait dans la rŽalitŽ de ses comportementsdĠachat et de consommation ? De nombreux biais Žtaient reprochŽs ˆ lamŽthode de lĠentretien : celui des rationalisations, celui du conformismesocial, et les biais de contexte.

- Les techniques projectives. Nous les avonsintroduites pour la premire fois en 1971, pour Colgate-Palmolive. Cestechniques proviennent de la crŽativitŽ et permettent de rŽpondre aux critiquesprŽcŽdentes. En effet, les techniques projectives consistent ˆ ne pas se fieraux opinions des consommateurs et ˆ dŽjouer les piges du langage. Il nĠy a passeulement ce qui est dit, ou fait (le manifeste) mais aussi en contrepoint, lelatent, le non-dit.

Les techniques projectives permettent de fairese manifester les motivations inconscientes des consommateurs ; deverbaliser, de faon imagŽe, leurs craintes et leurs attentes. Elles ont eupour vertu de briser les stŽrŽotypes, les lieux communs, les fausses opinionsqui sont le rŽsultat trop frŽquent des techniques de groupes classiques ;ceci pour tre au plus prs des ressentis et des Žmotions des consommateurs.

Cela Žclaire dĠun jour nouveau lescontradictions inhŽrentes ˆ tout acte dĠachat et de consommation. En plus, dans leurdimension crŽative, les techniques projectives inspirent les actions ˆ menerpour rŽpondre aux dŽsirs inavouŽs des consommateurs.

Les Žtudes qualitatives devinrent etdemeurent Žmotionnelles et anticipatrices.

- Les techniques basŽes surlĠapport des sciences cognitives. CĠest la pŽriode des annŽes 80 avec ledŽveloppement des sciences humaines, lĠeffervescence des disciplines dŽdiŽes ˆlĠanalyse des mŽcanismes rŽgissant les conduites des individus. Les Žtudesqualitatives participrent de cette effervescence, en intŽgrant lesenseignements des sciences cognitives : non seulement de lapsychanalyse ; mais aussi de lĠanthropologie et de lĠŽthologie (2) ;du brain-storming et de la synectique (3) ;de la sŽmiotique (4) ;de la Gestalt thŽorie (5) ;de lĠanalyse statistique du langage (6

Le qualitatif devint, et demeure, intŽgratifet transdisciplinaire.

CĠŽtait alors lĠŽpoque dĠune certaine opposition Ç quali-quanti È, le quanti se structurant ˆ grande Žchelle, sophistiquant ses mŽthodes par lĠarrivŽe de lĠanalyse des donnŽesÉ Une pŽriode bŽnie de positionnement, de segmentation, dĠinnovation produit continue É

Oui et ce contexte a fait que ces Žvolutionsdes techniques nĠont pas suffit, ˆ elles seules, pour faire en sorte que lesŽtudes qualitatives soient dŽfinitivement reconnues comme discipline ˆ partentire et comme outil efficace dĠaide ˆ la dŽcision en marketing.

CĠŽtait alors aussi le rgne du cognitivisme, un homme rationnel, optimisant toutes ses actions, sa recherche dĠinformation, possŽdant une fonction de valorisation des attributs qui le conduisait ˆ avoir des prŽfŽrences stables É

Tout ˆ fait, mais depuis une quinzainedĠannŽes, cette approche purement cognitiviste vole en Žclat. Les travaux desneurosciences valident le paradigme de lĠinconscient qui fut au fondement de lamŽthode qualitative ; un inconscient qui dŽtermine la plupart de noscomportements dĠachat et de consommation. G.M. Edelman, prix Nobel deMŽdecine le dit explicitement : Ç les idŽes de Freud sur les sourcesinconscientes du comportement Žtaient prŽmonitoires. È(7).

LĠŽmotion en remplacement de la raison ?

Non, les deux ˆ la fois. La division de lapsychŽ entre raison et Žmotion nĠa pas de fondement biologique. Lesneurosciences disent : Ç  le cerveau et le corps sont partenaires  È ; ellesnous disent aussi : Ç un sujet est capable de rŽguler, influencerdes neurotransmetteursÉ dĠagir sur les Žmotions pour les rŽgulerÉ È (8).

Ces travaux confortent nos approchesprojectives, car celles-ci mettent le consommateur en situation de laissersĠexprimer sur un mode sensible, sans plus rationaliser, la vŽritŽ de sesattentes.

Le travail projectif, verbal et non verbalamplifie le dŽconditionnement des consommateurs et libre une paroleŽmotionnelle. Il permet aussi de traiter dans une mme dŽmarche un grand nombrede variables – un mix complet par exemple -. Il permet surtoutdĠamŽliorer les projets marketing et de communication soumis ˆ lĠŽtude.

En plus, comme je lĠindiquais tout ˆ lĠheure,le qualitatif ne permet pas seulement de comprendre et dĠŽvaluer, il est devenusource dĠinspiration pour le marketing et pour la crŽation.

Internet, lĠexternalisation des taches de traitement voire dĠanalyse, bouleversent les Žtudes quantitatives que ce soit en adhoc ou en Žtudes longitudinales (panels), que ce soit dans la saisie, dans lĠanalyse ou dans lĠaccs aux donnŽes par le clientÉ Quelle est la situation pour le qualitatif ?

Les forces ˆ lĠoeuvre sont les mmes dans lesdeux domaines. Les deux phŽnomnes qui nous ont obligŽs ˆ repenser nos mŽthodessont (1) la fin dĠun cycle dans lĠŽconomie et pour le marketing et (2) lesprogrs fulgurants des nouvelles technologies.

(1) La fin dĠun cycle pour le marketing Un moment est venu oles entreprises se sont trouvŽes saturŽes dĠinformations sur leursmarchŽs ; moment concomitant aux changements dans les mÏurs comme dans lescomportements dĠachat de consommateurs, de plus en plus incertains etvolatiles. La conjonction de cette saturation des informations marketing et delĠinfidŽlitŽ accrue des consommateurs nous a conduit ˆ nous recentrer sur ladimension corporelle et Žmotionnelle des rŽactions des individus en situationdĠachat et de consommation.

Il nous fallut alors assimiler les travaux dela sŽmiotique et de lĠethnomŽthodologie, et crŽer de nouvelles mŽthodes derecueil et dĠanalyse ; mŽthode dĠobservation participante (9)technique du puzzle (10)Édes mŽthodes situŽes au plus prs de lĠexpŽrience vŽcue des consommateurs,expŽrience saisie en immersion dans leurs milieux de vie : ˆ domicile,dans leur travail, leurs loisirsÉ

Les Žtudes en sensoriel (pour Žtudier unparfum, une saveur, une textureÉ) participent dĠun tel recentrage sur lesexpŽriences corporelles des consommateurs et leurs vŽcus.

Dans de tels contextes, les progrs de laphoto-vidŽo nous permettent aujourdĠhui dĠenregistrer les comportements,gestuelles, expressions des consommateurs in situ, et dĠanalyser leurs attentesau plus prs de leurs Žmotions.

Les Žtudes qualitatives deviennent plusvisuelles, plus dŽmonstratives, et plus inspirantes pour le marketing, lacrŽation, la R&D.

(2) Les progrs fulgurants des nouvellestechnologies Un second courant traverse le qualitatif ; mouvementparadoxal qui consiste non plus ˆ aller au plus prs des rŽactions corporellesdes interviewŽs, mais au contraire ˆ les interroger ˆ distance, via internet.Internet ne cesse dĠoffrir de nouvelles perspectives aux Žtudesqualitatives : blogging, netnographie, focus group online, forums etcommunity panels, management de lĠinnovation online.

CĠest ˆ rŽflŽchir sur leurs avantages et leursinconvŽnients, et sur leur contribution au marketing quĠinvitent ces nouveauxinstruments.

Internet et la gratuitŽ, la faiblesse des cožts de contacts, la rŽduction des cožts de collecte et dĠanalyseÉ le monde rvŽ pour une baisse des cožts ?

Oui mais pas seulement. Ces nouveauxinstruments conduisent au dŽveloppement de nouvelles mŽthodes qui permettent detravailler, de faon rapide et efficace, souvent impliquante et ludique.Internet offre en effet de nombreux avantages :
- á la facilitation delĠexpression personnelle de lĠinterviewŽ, saisi dans lĠintimitŽ de ses rŽponses
- á la rapiditŽ et laflexibilitŽ des interviews, et la simultanŽitŽ des Žchanges á la capacitŽdĠatteindre des cibles difficilement accessibles, en tout point gŽographique
- á la possibilitŽ de rŽaliserdes Žtudes longitudinales sur de grands Žchantillons
- á la possibilitŽ de recevoirphotos, montages, mood et bulletin-boards, vidŽosÉ toutes productions verbales,non verbales, et crŽatives ; sources de commentaires et dĠanalyses etdĠinspiration pour le marketing.
- á la possibilitŽ de crŽer desinteractions entre consommateurs et clients ; de faire participer cesderniers, sur le terrain, aux interviews.

Mais avec Internet on va vers le virtuel, nĠest-ce pas traiter un monde idŽalisŽ, sans contact vŽritable, o les rŽpondants se choisissent des avatars pour mieux vivre dĠautres vies É

Des inconvŽnients, Internet en a en effet.
- . Un premier inconvŽnienttient ˆ la perte de contact physique avec le consommateur
 ; le recueilpouvant mme se passer dĠŽchange entre lĠinternaute et le responsable delĠŽtude. Cette mise ˆ distance prŽsente le risque de ne plus pouvoir Žvaluer ledegrŽ dĠimplication du rŽpondant, ni certifier lĠauthenticitŽ des rŽponses.

- .Le second inconvŽnient delĠŽtude on-line est dĠappauvrir la dynamique des interactions entreinterviewŽs. Il est en effet difficile de prŽserver le caractre dynamiqueet ludique de lĠinterview en salle ; tout particulirement en focus-grouponline. CĠest pourtant cette dynamique et cette ludicitŽ des interactions quicrŽent le lien entre ce qui est dit et ce qui est ŽprouvŽ en le disant. CĠestcette dynamique qui permet, dans lĠimmŽdiatetŽ des rŽponses, de pratiquer leÇ renversement du pour au contre È, nŽcessaire ˆ la validation desopinions et des Žvocations Žmises.

- . Enfin, il nous paraitindispensable de penser autrement les mŽthodes dĠanalyse des productions viainternet.Celles-ci sont en effet dĠune quantitŽ et dĠune diversitŽ de niveaux telles quelĠanalyse classique ne saurait suffire. CĠest en cela que le qualitatif aura deplus en plus besoin dĠanalystes, non seulement dĠune grande expŽrience desmŽthodes du passŽ, mais aussi dĠune grande capacitŽ dĠinnovation : lesconclusions et les recommandations que lĠon peut tirer dĠune Žtude on-linenŽcessitent une telle capacitŽ ; la solution pouvant rŽsider dans unepassionnante collaboration entre gŽnŽrations.

Et la crŽativitŽ ?

Les inconvŽnients dĠInternet sont,partiellement, compensŽs par le grand nombre de documents, de supports visuelsque peuvent produire les internautes. Cette capacitŽ de production correspond ˆlĠorientation actuelle du qualitatif, qui consiste ˆ prendre le consommateurcomme partenaire dĠune Žtude, et ˆ se relier ˆ son environnement, ses modes devie, et ˆ ses pratiques dĠachat et de consommation. A nouveau, il sĠagira defaire preuve dĠinventivitŽ pour rendre cette richesse productive dĠinternetintelligible et opŽrationnelle pour lĠentreprise.

LĠEldorado pour les utilisateurs des Žtudes ?

On pourrait effectivement le croire mais leon-line prŽsente un inconvŽnient difficilement surmontable pour certainesŽtudes, celui de ne pas pouvoir travailler sur un nombre important devariables :
- á par exemple un large corpusde communication – en presse, affichage ou TV
- á ou un mix complet : parexemple les design / format / premire de couverture / sommaire / textes /illustrationsÉ dĠun ouvrage scolaire
- á ou un linŽaire :comportant par exemple lessives en poudres / tablets / liquide / gelÉ de tousformats et de toutes marques
- á ou bien encore un espacemarchandÉ

Cet exercice sera dĠautant plus difficilequĠil sĠagira dĠanalyser et dĠorienter un mix marketing et communication dansson univers concurrentiel. LĠinterview projective reste au final la mŽthode laplus performante pour analyser la pertinence de tels objets, indiquer leursconditions de bon fonctionnement et tracer leurs voies dĠoptimisation.

Avec votre recul et votre expŽrience, quel futur entrevoyez-vous ?

DĠabord la transdisciplinaritŽ (11).De fait, dans la lignŽe de ce qui vient dĠtre dit, le qualitatif en tant quediscipline sĠenrichira toujours plus des progrs des sciences cognitives. Demme, les nouveaux instruments de communication, tous ces moyens de considŽreret de rencontrer autrement les consommateurs changent ˆ la fois leurs rŽactions, leurs discours, et les modalitŽs de leur interview.

On peut faire le parallle entre leconsommateur en tant que sujet, et lĠinstitut. Du c™tŽ du sujet, celui-ci estdŽsormais considŽrŽ comme shopper, client, lecteur, voyageurÉ saisi dans sesconduites intimes, sociales et marchandes. LĠŽtude qualitative cŽlbrera ici,selon lĠexpression de Tsodorov, Ç lĠŽloge du quotidien È. Du c™tŽ delĠInstitut, les changements sont aussi importants.

De plus en plus impliquŽ dans lesproblŽmatiques marketing des entreprises, lĠInstitut devra se rŽformer endevenant ˆ la fois :
- . Transdisciplinaire du c™tŽde ses expertises en linguistique en imagerie, en systŽmique, É mais aussi duc™tŽ de ses expertises marketing et stratŽgiques
- . Technologique, ne pouvantdŽsormais se passer de lĠexistence dĠun laboratoire multimŽdia.
- . ExpŽrimentŽe, pour rendrefiables les traitements et les recommandations des Žtudes on-line.
- . Partenaire, en nouant denouveaux liens avec les responsables des projets en dŽveloppement .

CĠest donc une nouvelle relation entreQualitatif et Marketing qui est ˆ instaurer.

Une relation qui implique que lesqualitativistes acceptent de ne plus dŽpendre des modes de fonctionnement etdes normes de rentabilitŽ des grands Instituts multinationaux ; maisquĠils se pensent et sĠorganisent comme praticiens-conseils au service de leursclients, ˆ mme de rŽpondre ˆ leurs besoins de flexibilitŽ et de rentabilitŽ,de disponibilitŽ et dĠaccompagnement – besoins irrŽversiblescorrespondant aux mutations du temps prŽsent.

Vous participez depuis de nombreuses annŽes ˆ la formation des Žtudiants du Master Marketing (204) de Paris-Dauphine. QuĠest-ce que cela vous apporte ?

Tout dĠabord un challenge passionnant. Il sĠagit en effetde transmettre un savoir et une expŽrience ˆ de brillants dipl™mŽs ayant suiviun cursus universitaire ˆ forte culture rationnelle et mathŽmatique, peuenclins apriori ˆ pŽnŽtrer les arcanes de lĠimaginaire.

Ensuite, cet enseignement me donne lĠoccasionde rŽviser certaines conceptions du mŽtier ; avec des exigences dans lafaon de communiquer et de rŽpondre aux attentes de jeunes gŽnŽrations.

Enfin, lĠenjeu est pour moi de faireressentir et comprendre, ˆ ce public en attente de clartŽ et dĠefficacitŽ, que lequalitatif nĠest pas une discipline irrationnelle, peu fiable, soumise auxinterprŽtations subjectives de quelque Ç guru Ç  ; mais unemŽthode aux fondements rationnels, ayant ses propres logiques, et structurŽepour rŽpondre aux problŽmatiques marketing, et pour accompagner lĠinnovation enentreprise.

Directeur GŽnŽral de Synovate France (2005-2009), Fondateur et prŽsident de QCG – the qualitative consulting group – (2001-2005), Co-fondateur et Directeur GŽnŽral de la sociŽtŽ INSIGHT,(1971-1996), Co-fondateur et Directeur du Centre de Psychologie ExpŽrientielle TRIBU( 1972-1990)É vous tes un vŽritable entrepreneur !

Sans doute ai-je toujours considŽrŽ quediriger et manager sa propre sociŽtŽ rend mieux ˆ mme de comprendre les enjeuxdes entreprises qui nous confient leurs problŽmatiques ; cela rend aussimieux ˆ mme dĠŽvaluer les conseils que lĠon peut donner ˆ ses clients.

En dehors du fait de crŽer de la valeur,entreprendre cĠest aussi le plaisir de crŽer ensemble ; le plaisir deÇ percevoir de lĠinconnu, du surprenant, du neuf dans le connummeÉ È.(12)


Bibliographie
 Qualitative research and psychological theorising- British journal of psychology – 1992, vol. 83, nĦ1, p.97-111
- M.Q. Patton -Qualitative evaluation and research methods - London Sage (1990)
- LĠethnomŽthodologie– Ed. La DŽcouverte (2001)
- G.M. Edelman - La sciencedu cerveau et la connaissance – Ed. Odile Jacob (2007)
- Isaksen, Scott G, Dorval, KBrian ¤ Donald J Treffinger – RŽsoudre les problmes par la crŽativitŽ.-Ed. Organisation (2003).
- Swiners JL ¤ JM Briet –LĠintelligence crŽative au-delˆ du brains-storming. Ed. Maxima (2004).
- Michalko M.- Thinktoys. TenSpeed Press (2008)
- Renck JL ¤ Servais V –LĠŽthologie, histoire naturelle du comportement. Ed. Le Seuil (2002).
- Guillaume P –Psychologie de la forme Ed. Flammarion (1979). Fritz Perls – Manuel degestalt thŽrapie. Ed. ESF (2009).
- Marty C ¤ Marty R – 99rŽponses sur la sŽmiotique. Ed. CRDP. (1992)
- Barthes R. – LĠaventuresŽmiologique Ed. Seuil (1985).
- Nicolescu B.- laTransdisciplinaritŽ .le Manifeste Ed. du Rocher (1996) ;Transdisciplinarity- theory and practice Ed. Hampton Press Cresskill (2008).


Notes

(1) psychologueamŽricain et expert en marketing, Ernst Dichter (1907-1991) est le pre delĠŽtude de motivation. Il fonde en 1946 Ç the instituteof motivationnal reseach in New-York.According to a New-York Times article,Ç he was the first to coin the term focus-group and to stress theimportrance of image and persuasion in advertisingÓ.

(2) HŽritire destravaux de Konrad Lorentz (1903-1989), lĠŽthologie, appelŽe aussiÇ biologie du comportement È, est lĠŽtude des comportements animauxcommuns ˆ une espce. Elle sĠapplique aussi ˆ lĠŽtude comportementale des treshumains. Elle permet, en Žtudes marketing, dĠobserver et dĠanalyser les comportementsdes individus en situation dĠachat et de consommation.

(3) Lebrain-storming est une technique de groupe crŽe en 1938 par Osborn aux USA.Elle vise ˆ produire le maximum dĠidŽes sur un thme donnŽ, en diffŽrant lescritiques des participants. William JJ Gordon fonde la Synectique en 1944. IlsĠagit dĠune mŽthode de rŽsolution de problme basŽe sur lĠŽtude des processusdĠinvention. Elle consiste en lĠutilisation consciente des mŽcanismes quiprŽsident ˆ toute activitŽ crŽative. Ces techniques sont utilisŽes avec lesŽquipes marketing, commerciales, R & D, les AgencesÉ pour solutionner desproblmes et formuler des concepts.

(4) La sŽmiotique, dŽfinie commeÇ doctrine des signes È ou Ç thŽorie des signes È, estlĠŽtude des signes et de leur signification. Elle se situe ˆ lĠinterface dĠungrand nombre de champs du savoir : phŽnomŽnologie, liguistique,Žthnologie, neurosciencesÉEn Žtudes qualitatives, le sŽmiotique permetdĠanalyser des objets du point de vue de leur structure et des messages quĠilsŽmettent. Elle se pratique en particulier pour analyser un packaging, unecommunication, un logotype, un magazine, un espace marchandÉ

(5) La Gestalttheoryou Ç psychologie de la forme È a ŽtŽ fondŽe par MaxWertheimer,Wolfang Kšler et Kurt Lewin, et diffusŽe en France dans les annŽes1950. Elle Žtudie les mŽcanismes de la perception, les processus dĠajustementpermanent entre un individu et son environnement. Dans son prolongement, laGestaltthŽrapie, crŽe notamment par Fritz Perls, Paul Goodman, et Ralph Helfferline,a largement inspirŽ les Žtudes qualitatives, et tout particulirement lacrŽations de techniques dĠinterview crŽatives.

(6) Cf notamment leslogiciels dĠanalyse TROPES et ALCESTE.

(7) G.M.Edelman estprix Nobel de Physiologie et de MŽdecine, directeur du Neurosciences Instituteen Californie, prŽsident de la Neurosciences Research Foundation et chef dudŽpartement de neurobiologie du Scripps Research Institute.

(8) Lesneuro-sciences regroupent lĠensemble des disciplines qui Žtudient la structureet le fonctionnement du systme nerveux .Elles inspirent aujourdĠhui les Žtudesmarketing et publicitaires ˆ travers lĠanalyse des rŽactions Žmotionnelles desconsommateurs.

(9) LĠobservationparticipante est une mŽthode dĠŽtude ethnologique et sociologique introduitepar Bronislaw Malinowski et John Layard au dŽbut du XXeme Sicle.Elle consisteˆ Žtudier une sociŽtŽ en se faisant accepter par ses membres, et en participantaux activitŽs des groupes et ˆ leurs enjeux. Elle est de plus en plus utilisŽepour Žtudier les comportements des consommateurs in situ, et gŽnŽrer denouveaux insights.

(10) La mŽthode dupuzzleest une mŽthode crŽative mise au point par nos soins dans les annŽes rŽcentes.Elle consiste ˆ donner aux consommateurs eux-mmes, ˆ lĠaide de supports et devignettes- photo, les moyens de recrŽer des espaces marchands et des linŽairestels quĠils dŽsireraient les frŽquenter : dĠen optimiser lĠimplantation,le sŽquenage des produits, la structuration des marques, les codes dĠambiance,la signalŽtiqueÉ

(11) BasarabNicolescu, physicien thŽoricien au CNRS, Docteur en sciences physique, estPrŽsident-fondateur du Centre International dĠEtudes et de RecherchesTransdisciplinaires (CIREt). La TransdisciplinaritŽ se fixe pour objectifÇ lĠŽmergence dĠun vŽritable dialogue entre les spŽcialistes desdiffŽrentes branches de la connaissance. ÈDe nombreux membres fondateursdu CIRET, dont nous fžmes, ont inspirŽ nos mŽthodes qualitatives. Je pense enparticulier ˆ Gilbert Durand, Edgar Morin, RenŽ Marty, Antoine Faivre, PhilippeQuŽauÉJe pense aussi au regrettŽ StŽphane Lupasco, avec qui nous avons siintimement questionnŽ les logiques de lĠimaginaire.

(12) Paul ValŽry-Analecta, PlŽiades II.

 



[1] Site du Master Marketing 204 del'UniversitŽ Paris-Dauphine

www.mastermarketingdauphine.com/Avis-d-Expert-Evolution-des-etudes.htlm