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Centre International de Recherches et études Transdisciplinaires
L'écrivain et éditeur Michel Camus est mort mardi 28 janvier, à Paris. Il était âgé de 73 ans.
Né à Namur, le 20 octobre 1929, Michel Camus fut l'un de ces passeurs infatigables de littérature et de poésie dont l'uvre propre s'efface derrière la générosité de la vocation.
Journaliste, animateur de revues et de collections de livres, éditeur, producteur d'émissions de radio, il consacra plus d'énergie aux autres qu'à lui-même. Mais en même temps, tout convergeait pour cet esprit curieux épris de spiritualité, d'ésotérisme et de philosophie. Ses goûts et ses intérêts rejoignaient ceux des auteurs qu'il aimait ou publiait, de Sade à Raymond Abellio, de René Daumal à Roberto Juarroz, Adonis et Christian Bobin.
Après une première revue qu'il crée avec des amis en 1960, Lettre ouverte, Michel Camus devient rédacteur en chef d'une publication marquante, dirigée par Roger Borderie, Obliques, de 1976 à 1982. En 1981, il fonde les éditions Lettres Vives avec Claire Tiévant. La qualité « à l'ancienne » des livres édités depuis plus de vingt ans par cette maison - dont le riche catalogue comporte notamment les noms de Raphaële George, Jean-Louis Giovannoni, Jean-Luc Parant, Roger Munier, Pierre Bettencourt, Claude-Louis Combet ou Jean Dubuffet - est reconnue par tous les amateurs.
Parallèlement, de 1984 à 1988, Michel Camus publie chez Fayard plusieurs volumes de la collection « L'Enfer de la Bibliothèque nationale », dans laquelle il exhume des textes érotiques ou libertins souvent tombés dans l'oubli. A partir de 1984 également, il produit de nombreuses émissions pour France- Culture. Dans la dernière décennie, aux côtés de son ami Basarab Nicolescu, il s'était rapproché du Centre international de recherches et d'études transdisciplinaires, qui fait dialoguer la science et la littérature.
Quant aux livres propres de Michel Camus, édités chez Lettres vives ou chez d'autres petits éditeurs, ils témoignent d'une recherche où la poésie se fait chemin de connaissance, empruntant souvent les voies de l'aphorisme.
La poésie, pensait-il, est une voie d'approche de cet « infini intérieur » dont les mystiques de toutes les religions ont tenté de dresser la carte. Citons Paraphrases hérétiques (1983), Proverbes du silence et de l'émerveillement (1989) ou, plus récemment, aux éditions du Rocher, Aphorismes sorciers (1996) et Adonis le visionnaire (2000).
Patrick Kéchichian
NOTE