RENÉ BARBIER

Vers une éducation transversale



Existe-t-il une éducation qui n’hésite plus à répondre aux questions sur le sens de la vie que posent les enfants et les adolescents d’aujourd’hui ? Une telle éducation transversale peut-elle accepter de ne plus répondre par une attitude dogmatique de vérité, mais par un nouveau questionnement typiquement socratique ? S’exprimer, parler n’implique-t-il pas, également, de lire, écrire et méditer ? C’est l’objet de la sagesse transversale contemporaine.

L’éducation transversale est une approche de la complexité d’un rapport aux savoirs, aux savoir-faire et aux savoir-être, qui n’exclurait plus les dimensions spirituelles, méditatives de l’être humain, tout en acceptant le regard des disciplines scientifiques comme des réflexions philosophiques et artistiques. Elle constitue le versant éducatif de l’approche transversale comme écoute sensible en sciences humaines (Barbier) [1]. Elle s’ouvre sur une interrogation vraiment contemporaine au-delà du désenchantement du monde promis par Max Weber et de la fin du religieux pensée par Marcel Gauchet [2]. Peut-être fallait-il une désoccultation radicale du religieux pour commencer à vivre, authentiquement, sur le plan d’une spiritualité laïque, une sagesse moderne du monde. Loin d’être une conséquence d’une démocratie désabusée et sérielle d’individus sans appartenance ouvrant sur la folie comme le pense Dany-Robert Dufour [3], l’époque contemporaine inaugurerait, dans ce cas, une chance inouïe pour l’avenir de l’humanité. On verrait se développer une éducation transpersonnelle non dogmatique et enrichie de toutes les sagesses du monde.

Par sagesses du monde j’entends toutes les formes d’intelligibilité et de sensibilité que les êtres humains, au sein des différentes cultures, anciennes et modernes, ont inventées pour symboliser et exprimer, souvent d’une façon mythique et poétique, leurs rapports à la connaissance de l’être-au-monde et à son mystère d’exister [4].

Le qualificatif de transpersonnelle renvoie à une approche psychologique de plus en plus vive en ce début du XXIe siècle. La psychologie transpersonnelle est une orientation de la psychologie et une voie de connaissance de l’être humain qui intègre à la fois les dimensions spirituelle, émotionnelle, corporelle, cognitive et créatrice. Elle tient compte des grands courants de pensées de la psychologie contemporaine tel que la psychanalyse, la bioénergie et l’approche cognitivo-comportementale. Elle accepte aussi plusieurs pratiques spirituelles tel la méditation et la prière comme autant de chemins permettant à l’être humain de transcender ses limites.

La psychologie transpersonnelle propose d’appliquer les dernières découvertes de la physique quantique au développement d’une explication scientifique des différents états de conscience. Ainsi, elle tente de comprendre ce qu’est l’être humain en relation avec lui-même et l’univers qui l’entoure.

La psychologie transpersonnelle est une approche intégrative et inclusive qui présente une ouverture suffisante pour considérer toutes les voies utiles à la croissance de l’homme.

Ma conception du transpersonnel comme phénomène transversal refuse de se figer dans l’orbite de la pure tradition comme d’un post-modernisme psychédélique de type Nouvel-Age. Elle est proche de la transdisciplinarité de Basarab Nicolescu [5] ou du sens de la complexité d’Edgar Morin et soucieuse de réalisme. Dans mon approche transversale, je revendique le droit à l’émotion et à l’affectivité, beaucoup plus du côté des émotions-sentiments que des émotions-chocs comme le propose aujourd’hui le philosophe Michel Lacroix dans son livre sur la culture de l’émotion [6]. Elle signifie que le sens doit être construit par rapport à un tiers inclus qui dépasse toute singularité personnelle, quoi qu’il l’intègre totalement. Le transpersonnel ne se réduit à aucun dogme, aucune religion, aucun rituel mais il les considère tous avec attention bienveillante et vigilance active. Il sait que tout symbole, tout mythe, porte les germes d’une autreté (Krishnamurti) [7], d’un regard, à la fois ancré et dégagé, sur le monde, inexprimable en dernière instance. Le transpersonnel nous conduit tout naturellement vers une poésie verticale dont parle Roberto Juarroz [8], ou vers les aphorismes d’Antonio Porchia [9], dans le meilleur des cas. Mais également le transpersonnel connaît la force de l’illusion possible enracinée dans la croyance. Il sait nommer le faux mystique, l’idéologue de tous les registres, qui traque le savoir critique pour assurer impunément son autorité illégitime. Les chercheurs de Dieux. Délivrez-nous des dieux vivants, des pères du peuple et du besoin de croire proclamait, il y a plus de vingt ans, le poète Claude Roy [10]. Sa prière nous servira d’avertissement salutaire dans tous les domaines de la vie humaine.

Mais cette prise de position ne nous fera pas tomber, pour autant, dans les nouvelles formes de l’Inquisition soi-disant républicaine qui, dans les discours et les commissions parlementaires, stigmatisent toutes orientations spirituelles non conformistes. Peut-on, en effet, en arriver à penser que les écoles Steiner réputées pour leur qualité pédagogique depuis des lustres ou encore la thérapie ethnopsychiatrique de Tobie Nathan, reflètent des tendances sectaires, comme le proclame un rapport parlementaire sur les sectes sous l’égide d’Alain Vivien. La pédagogie steinérienne a été attaquée dès 1999 par les parlementaires dogmatiques [11]. Pour avoir qualifié de secte, sur France 2, le mouvement anthroposophe, le président de la commission d’enquête parlementaire sur les sectes, Jacques Guyard, a été condamné, mardi 21 mars 2001, à 20 000 francs d’amende et 90 000 francs de dommages-intérêts. Le tribunal de Paris a estimé que M. Guyard n’était pas en mesure de justifier d’une enquête sérieuse à l’appui de ses accusations. Le député Jacques Guyard a pourtant été relaxé par la Cour d’appel par jugement du 6 septembre 2001 [12].

Le transpersonnel nous oblige à travailler sur ce qu’on appelle la foi. Il reconnaît que la foi ne saurait être approchée uniquement sous l’angle de l’idéologie comme le font les sciences de l’homme et de la société, de la sociologie à la psychanalyse. Certes, il y a dans la foi une part de conditionnements sociaux, psychologiques, culturels, que la science peut tenter de comprendre. Mais il existe également une part inconnue, irréductible à tout savoir, qui anime totalement son élan et qui est vécu d’une façon absolument singulière. Le point de vue de Sirius propre aux sciences sociales ne peut rien en dire de pertinent. Seule l’approche phénoménologique peut avoir des chances de l’éclairer. L’art et la poésie savent parfois fournir une trace lumineuse de son apport. Cette part inconnue anime ce que Raimon Panikkar nomme l’esprit du moine dans son livre sur l’éloge du simple [13] et que les phénoménologues des religions qualifient de sanctum. Mircea Eliade parle de sacré pour définir ce qui fait partie de la structure de la conscience et non, simplement, un élément conjoncturel et historique de l’évolution de cette conscience.

La difficulté avec cette part inconnue - ce Chaos, Abîme, Sans-Fond - à la racine de la philosophie de Cornelius Castoriadis [14], c’est qu’elle est habituellement reprise d’une façon coutumière par les grandes religions. Celles-ci l’inscrivent dans des dogmes intangibles, des rituels incontournables. Elles la figent dans une structure immobile mais rassurante.

Peut-on se dégager des rituels ? Peut-on vivre le sacré sans avoir besoin de grands prêtres, de gourous aux regards flamboyants, d’initiations interminables, d’extases extraordinaires ? C’est l’enjeu de la spiritualité laïque et libertaire de notre temps. Nous allons alors vers une éthique de la perdition dont nous entretient Edgar Morin dans la Terre-patrie [15], une éthique personnelle qui dépasse toute morale sociale pour l’affiner et la rendre plus efficace. Cette démarche n’est pas sans tragique : une morale du désespoir et de la béatitude à la manière d’André Comte-Sponville [16] réfléchissant sur la sagesse non dualiste de Swami Prajnanpad. Dans ce processus d’approfondissement intérieur, de prise de conscience de l’avènement du phénomène vie, la philosophie devient vraiment un art de vivre comme l’annonce Pierre Hadot, avec les philosophes de l’antiquité grecque.

J’ai beaucoup de respect pour les chamanes Kogis, ces indiens de la Sierra Nevada, du nord de la Colombie. Ils tentent de sauvegarder une culture de haute spiritualité écologique datant de l’ère pré-colombienne. Ils nous interrogent sur les trous que nous faisons dans la terre (les tunnels) pour aller toujours plus vite. Mais pourquoi voulez-vous aller plus vite et pour aller où, nous disent-ils ? Pourtant faut-il comme dans leur initiation traditionnelle devoir passer dix huit ans dans l’obscurité la plus totale pour connaître la réalité intrinsèque de notre monde intérieur ? Quel prix faut-il payer symboliquement pour accéder à la sagesse transpersonnelle qui nous conduit à la pleine conscience de l’unité du vivant, de tout le vivant. Eric Julien qui relate son expérience bouleversante avec les indiens Kogis dans le chemin des neuf mondes [17], a entrepris la seule oeuvre que nous puissions accomplir pour ces cultures autres qui ont quelque chose d’essentiel à nous dire : racheter les terres ancestrales qui ont été spoliées et les redonner à la communauté indienne pour qu’elle puisse accomplir son destin.

Les sages de tous les pays ont, sans cesse, posé la question du sens. De ce côté, Michel Lacroix se trompe en pensant qu’il y a un paradoxe à vouloir accroître sans cesse, d’un côté le culte du moi et de la réussite sociale, et de l’autre le détachement et l’abolition de l’ego. En vérité, les chercheurs de vérités authentiques n’arrêtent pas de creuser les illusions du moi social au profit de l’éveil de l’intelligence, c’est-à-dire la pleine réalisation de leur être-au-monde par la voie négative. Leur finalité est précise et leur attention totale. Ils ne sont aucunement dans un paradoxe. C’est pourquoi on ne peut mettre Krishnamurti dans le même sac que tous les adeptes inconstants du New-Age, comme le fait Michel Lacroix et d’autres sociologues des religions. A ma connaissance, Krishnamurti n’a jamais connu l’angoisse paradoxale décrite par Michel Lacroix. Celle-ci est réservée à ceux qui n’ont pas su faire un choix de vie. lls veulent le beurre et l’argent du beurre, le pouvoir du social et le non-attachement à tout pouvoir qui résulte de la connaissance intime de la réalité ultime.

S’il est vrai, comme le pensent Gilles Deleuze et Félix Guattari que les philosophes ont entériné la mort du sage [18] après les pré-socratiques, ils n’ont pas perdu l’aiguillon du questionnement ontologique dans leur quête permanente de la sagesse. Au-delà des grands systèmes philosophiques de plus en plus incertains aujourd’hui, l’homme cherche un homme, comme Diogène dans la cité. Il semble le rencontrer dans des espaces sociaux inhabituels et non académiques, au sein de ces associations humanitaires qui augmentent de jour en jour et dans les expériences de bénévolat. Sur ce point, un philosophe comme Luc Ferry, parlant de l’homme-Dieu et du Sens de la vie [19], ou un sociologue comme l’Américain Jeremy Rifkin qui analyse la fin du travail [20], paraissent se tenir sur une position analogue.

Nous avons à notre disposition une richesse incommensurable pour réfléchir et pour méditer silencieusement : les textes venus du fond des âges écrits ou prononcés par des personnes ayant transcendé le règne de l’ego. Contrairement à d’autres époques, nous trouvons dans les librairies, en livres de poche, la quintessence de la sagesse de l’humanité. Paradoxalement, il semble que cette richesse ne passe pas dans nos collèges, nos lycées et nos universités. La sub-culture adolescente cherche des valeurs et trouve les soirées rave où la musique techno sert répétitivement de rituel de transe. Si la parole devient inexistante, le corps danse frénétiquement au cœur d’une solitude gigantesque et collective. Les jeunes y trouvent leur compte et prétendent comparer leurs réunions extatiques aux rituels africains. Ils oublient simplement que dans les pays de tradition les rituels en question sont portés par une mythologie ancestrale qui soude la communauté depuis des générations. Les Maîtres-fous africains de Jean Rouch eux-mêmes [21], dans leur amalgame défensif de la tradition et du colonialisme moderne, inventent des rituels qui incluent encore l’histoire de leur peuple. Nos enfants, eux, sont de plus en plus sans histoire, sans parole et sans espoir. Il ne leur reste que la violence ou l’apathie.

Pourrons-nous retrouver le sens de la parole et la transmettre à nos enfants dans cette tragique post-modernité culturelle ? Saurons-nous aller puiser dans ce fond commun mondial de la sagesse humaine, religieuse ou laïque, pour retrouver le fil du sens ?

Sa première perspective est de jeter les bases d’un métissage axiologique universel à partir de l’histoire humaine de la pensée et de la méditation, quelles que soient les cultures.


La vie intérieure

Aujourd’hui les valeurs sont en question mais la question de la valeur en sort peut-être fortifiée. L’Education se nourrit de valeurs. Elles sont le contraire de l’indifférence comme l’écrit le philosophe Olivier Reboul [22]. Elles constituent l’essentiel de ce qui fait sens pour un être humain. C’est la raison pour laquelle le sens ne peut se réduire à l’analyse habituelle en termes sémantique, syntaxique ou pragmatique. Le sens, tissé de valeurs, dépasse toutes les catégories des sciences du langage et même des sciences de l’homme. Il est porté par une expérience singulière enracinée dans un tremblement de l’être qui, souvent, échappe à l’interprétation d’un autre.

J’enseigne depuis plus de trente ans dans l’enseignement supérieur. J’ai souvent été interpellé, durant mon existence universitaire, par la demande des jeunes et moins jeunes étudiants, concernant les dimensions multiples de cette vie intérieure. J’ai essayé d’y répondre, tant bien que mal, au sein des enseignements que je me suis autorisé à proposer, notamment une approche expérientielle de la philosophie de Krishnamurti depuis une quinzaine d’années [23]. Peu à peu j’ai développé une approche spécifique en sciences humaines, conjuguant aussi bien les disciplines variées que le regard philosophique, la sensibilité esthétique et poétique ou le questionnement ontologique issu des cultures du monde. J’ai nommé cette perspective critique et compréhensive l’approche transversale. Les différentes interrogations des étudiants et les résultats de mes recherches impliquées sur le terrain m’ont conduit à parler d’écoute sensible en sciences de l’homme et de la société.

C’est avec ce type d’approche que je veux comprendre aujourd’hui les rapports entre la vie intérieure et l’éducation.

La vie intérieure pose la question permanente : qui suis-je ? Un approfondissement de cette interrogation débouche sur une totale conversion du regard sur soi-même et sur le monde. Les thérapeutes comme les sages orientaux le savent bien. Il s’agit d’une question explosive lorsqu’elle est menée à son terme. Je est un autre répond Rimbaud avant de quitter la poésie pour devenir trafiquant d’armes.

Pour les bouddhistes, comme pour les lacaniens, le je est un leurre, une illusion d’optique, que la méditation ou l’analyse vont dénouer. Les structuralistes et les partisans de la mort de l’homme ne s’intéressent au sujet que pour mieux mettre en lumière son imbrication et sa consistance éphémère dans le jeu structuré des relations sociales. Les existentialistes, les personnalistes, les phénoménologues, les freudiens nord-américains, les interactionnistes, les ethnométhodologues, ne veulent pas abandonner l’importance du moi dans l’interprétation du monde et dans l’action sur celui-ci. Dans cette lutte pour l’explication de l’être-au-monde, le sujet, après une période de déclin, revient à la mode en sciences humaines, non sans une interrogation permanente. On parle du retour du sujet (Alain Touraine) [24] en même temps que du retour du religieux, de la plénitude de l’univers (David Bohm) [25] ou du réenchantement du monde par une nouvelle alliance et une métamorphose de la science (Ilya Prigogine et Isabelle Stengers) [26].

La bataille fait rage entre les différents courants qui veulent s’approprier la présence ou l’absence du sujet. L’homme, dans tout cela, l’homme de la rue, n’y retrouve pas ses petits et regarde, ahuri, la mitraille des concepts et les exclusions théoriques.

Personne ne sort plus heureux et plus conscient de cette mise en scène de la vie intellectuelle. Les questions cruciales demeurent inchangées : Qu’en est-il de la naissance, du développement humain, du travail digne de ce nom, de la souffrance, de la peur, de la liberté, de l’amour, de la vieillesse, de la mort ?

Pourquoi sommes-nous sur cette terre, dans quel dessein, avec quelle finalité ? Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

Qu’appelle-t-on conscience ? Est-ce la conscience de quelque chose ou l’être-conscience qui dépasse la singularité biologique et mentale pour devenir transpersonnel ?

Qu’est-ce que l’engagement, la responsabilité, l’éthique, dans cette époque de l’extrême barbarie qui a inventé le génocide à répétition, la Shoah et la purification ethnique ?

Que pouvons-nous faire, individuellement et collectivement, pour construire ensemble une autre civilisation digne de l’être humain ?

Sommes-nous condamnés à subir la géopolitique du chaos (Ignacio Ramonet) [27], le laminoir de la mondialisation communicante avec son cortège d’exclusions et de pollutions ? Les citoyens peuvent-ils être autre chose que des petits robots à voter sous les grandes machineries des producteurs de mirages ?

La vie intérieure est un travail d’exister comme dit Max Pagès [28]. Elle articule paradoxalement un sens secret de la totalité et une saisie immédiate de la fragmentation. Le sentiment de la totalité la dirige vers les voies de la Connaissance de soi et du monde nouménal. L’appréhension de la parcellisation l’oblige à vivre dans le miroitement des savoirs dont certains éclairs fulgurants soulèvent cependant des zones d’ombre imprévisibles.

L’éducation est au carrefour, à l’interface des savoirs en actes et de la Connaissance intime. L’éducation est le processus qui exprime la dynamique de la vie intérieure en contact avec le monde extérieur. Elle ne saurait être définie par des disciplines scientifiques ou des catégories de pensée instituées. Elle est de l’ordre du devenir improbable pour chaque personne. Elle n’existe pas a priori, mais se fonde dans son mouvement même. Elle n’a pas de but, ni de projet autre que dans l’instant de la réflexion. Chez elle l’existence ne précède pas l’essence et l’essence, l’existence. Etre, c’est s’éduquer, toujours avec l’autre, et, par là même fonder ce que nous sommes dans le cours de ce qui advient. Essence et existence coïncident dans l’éducation. La vie intérieure met en acte l’éducation singulière. Elle avance et éclaircit le monde des formes, mentales, culturelles, sociales, matérielles, (l’existentialité de chaque être, comme de chaque groupe) pour, en fin de compte, faire vivre intuitivement ce par quoi ce monde des formes est totalement relié au sein d’une unipluralité indéfinissable. La reliance (Marcel Bolle de Bal) [29] ainsi vécue est nommée amour ou compassion, suivant les cultures.

Un éducateur est toujours un être relié. Pour le moins cherche-t-il à l’être. Mais paradoxalement une quête de la reliance est une impasse. La reliance est une donnée immédiate de la conscience sans objet.

Cette reliance conduit le chercheur de sens en éducation vers une nécessaire transdisciplinarité. Basarab Nicolescu définit la transdisciplinarité comme une nouvelle approche scientifique, culturelle, spirituelle et sociale, qui concerne ce qui est à la fois entre les disciplines, à travers les disciplines et au-delà de toute discipline.

Pour ma part, je conçois cette transdisciplinarité comme proprement révolutionnaire sur le plan épistémologique, notamment par l’interférence dialogique entre les domaines des savoirs pluriels sur l’homme et le monde, et de la Connaissance expérientielle de soi ouverte au Sans-Fond de l’être-au-monde que Cornelius Castoriadis nommait également l’Abîme, Le Chaos. Cette véritable approche transversale met en synergie la science, l’art et la poésie, la philosophie et la spiritualité de tous les temps et de toutes les cultures. Elle constitue un nouvel humanisme universel au-delà de toute pensée réductionniste et nationaliste.


La pensée en éducation

On ne peut bien écrire qu’en allant vers l’inconnu - et non pour le connaître, mais pour l’aimer, écrit Christian Bobin (Eloge du rien) [30].

Que demande-t-on aux étudiants dans nos cours et séminaires ? Quel est notre degré d’exigence quant au rapport au savoir ? Comment concilie-t-on savoir (en liaison avec l’hétéroformation) et la connaissance (en liaison avec l’autoformation) ? Pour ma part, les étudiants le savent : je demande l’impossible… J’ai toujours pensé, avec Nietzsche, que l’homme est un être fait pour être dépassé… et, avec Saint-François d’Assise, qu’il vaut mieux comprendre qu’être compris ; aimer qu’être aimé. Placer la barre le plus haut possible, un cran au dessus de ce que tout le monde attend. Respecter l’étudiant ensuite dans le travail réalisé. Faire soutenir une maîtrise suivant un rituel correspondant à ce respect du travail rendu, a fortiori un DEA ou un doctorat. Repenser la fonction symbolique des rites de passage laïcisés, à la lumière des sagesses d’autres civilisations. Mais, en même temps, évaluer le travail d’une manière singulière. Le dépassement dont j’ai parlé doit être toujours personnalisé. Chaque étudiant est pris dans son contexte, dans son histoire sociale, dans sa psychologie, dans son effort particulier pour aller au-delà de soi-même. Donc refuser toute comparaison. L’esprit de comparaison est la momie de l’éducation et la notation, son sarcophage incolore. Les traditionnaires (D. Hameline) de l’institution éducative nous ont obligés à rétablir la notation à Paris 8, aidés par les étudiants encasernés dans leur habitus scolaire. Essayons, malgré tout, de donner à voir aux étudiants, ce que signifie, pour nous, faire écrire, lire et réfléchir.

René Barbier

Il faut replacer la discussion dans un modèle d’interprétation.


Le Réel

Tout est à situer dans le Réel. Mais, à ce niveau plus que jamais, nous sommes dans une représentation très personnelle et nécessairement philosophique. Personne ne peut dire vraiment ce qu’est le réel. Simplement, il est là. On le sait parce qu’on se cogne dessus, parce qu’il éclate de partout. Pour ma part, le Réel est énergie-matière fondamentale. Il a toujours existé. Il est sans commencement ni fin. Il est la trame de tout ce qui existe sur le plan phénoménal. Soutenir qu’il est, ou non, Conscience spirituelle dotée d’une capacité d’amour infini est du ressort de la vie intérieure et de l’expérience intime de chacun. Sur ce dernier point, il vaut mieux savoir se taire et refuser de sortir son artillerie d’idéologue bien pensant. Il s’exprime par un Procès, un processus de structuration, déstructuration, restructuration incessantes, de formes, figures, images… Nous sommes, évidemment, la trame même de ce Procès, jusqu’à nos plus intimes cellules de notre sang, nos plus secrètes pensées. En prendre conscience, c’est devenir sage, au moins dans l’esprit d’une philosophie non-dualiste (Krishnamurti). Cette conception du monde n’est pas sans analogie avec la pensée chinoise traditionnelle [31]. Toute théorie en sciences humaines est animée par une représentation philosophique du monde. Encore faut-il savoir l’énoncer. Elle détermine la structure même de la théorie. C’est ainsi que ma théorisation en psychosociologie clinique de l’éducation est influencée par cette conception philosophique [32].


1- Ecrire, lire et parler


Ecrire

Ecrire, lire et parler font partie d’un même ensemble indissociable. Sans lui, la communication devient presque impossible. Une partie importante de l’œuvre de l’éducateur psychologue Michel Lobrot [33] est consacrée à cette dimension de l’existence humaine. Les récentes recherches, venues d’Australie, sur la Communication Facilitée (C.F.) avec les autistes, nous révèlent l’indispensable activité de l’écriture, ici par ordinateur, pour accéder à leur monde d’une extraordinaire et tragique lucidité métaphorique [34]. La lecture du langage des signes, réinventée et réappropriée dans un état de confiance, ouvre également ce monde de souffrance des autistes vers une communication possible [35]. Je veux faire comprendre aux étudiants qu’écrire est le trait d’union entre soi et les autres, soi et l’univers, et, par là même, entre soi et la partie de soi-même la plus secrète, la plus reliée à l’ordre subtil du monde. Nous sommes des humains. Nous avons l’extrême chance de pouvoir écrire. Comment ne pas en profiter ? Ecrire, c’est manier la langue. Se colleter avec le langage, dans une amitié conflictuelle dont nous parle si bien le philosophe Kostas Axelos. Ecrire, c’est devenir styliste - dessiner une robe pour nos sentiments, architecte et maçon - construire la maison de nos pensées. L’écriture est l’art de bricoler avec la mort. C’est, comme l’écrit Christian Bobin, la tombée de la foudre dans une encre [36]. Ecrire ne consiste donc pas à rabâcher, recracher le cours de l’enseignant ou les livres de classe. J’ai horreur des vomissures lettrées. L’acte d’écrire suppose une distanciation avec l’hétéroformation pour entrer dans une véritable autoformation. Je demande aux étudiants de devenir auteurs. De trouver leur style d’écriture. De prendre garde aux académismes. D’entrer dans ce qu’Isabelle Stengers nomme la qualité de sujet récalcitrant, nécessaire, en sciences humaines, pour faire une authentique recherche [37]. Jacques Ardoino parlerait de négatricité. Je ne cherche pas le moutonnage universitaire. Seul le cheval sauvage m’intéresse, même et surtout quand il galope avec les autres. L’écriture en sciences humaines doit devenir plurielle, métissée. Le langage savant se veut inodore et sans saveur. Impartial et neutre, soi-disant. Sans la moindre ambiguïté. La structure du langage savant se distinguerait ainsi de celle du langage poétique selon les linguistes [38]. Je réclame, au contraire, un langage imagé, sans exclure le prosaïque, un langage sensible, sans méconnaître la logique.

Une charge de taureau et un vol d’hirondelle.

Une cathédrale de lumière et une chaumière ceinturée de vigne vierge.

Tout acte d’écriture consiste à tirer un feu d’artifice symbolique dans l’univers du sens.

Je n’aime pas les lignes droites.

Ce qui est trop rangé me désespère.

Ce qui ne tremble pas, n’est pas humain.

J’apprécie Feyerabend et sa théorie anarchiste de la connaissance.

Connaissez-vous l’Américain Richard Brown [39] ?


Lire

On ne sait pas écrire si on ne veut rien lire. Les trop jeunes poètes sont souvent incultes en poésie. Ils ne connaissent que les poètes de Lagarde et Michard. Plus tard ils apprennent à se confronter aux créateurs. A sortir de l’imitation. Ils lisent Plume, font le ménage dans leur texte. Ils deviennent vraiment des poètes. Que toute lecture se transforme en lecturisation active [40] ! Mais sans oublier ce que Patrick Berthier nomme le deuxième apprentissage de la lecture en critiquant Foucambert, c’est-à-dire une lecture d’approfondissement, de compréhension hors de toute mode, une lecture non superficielle ou purement informationnelle [41]. Il faudrait faire de même en Sciences de l’éducation. Lire et lire encore pour ne pas refaire du Bourdieu ou du Piaget. S’imprégner, d’une manière critique, d’une foultitude de théories et de regards sur le monde. Descendre dans les pratiques énoncées. Faire son marché du savoir dans les bibliothèques universitaires, certes, mais aussi chez les bouquinistes du quai de Seine. Partir à l’aventure de l’éducation, là où l’on n’attend surtout pas des chercheurs en pédagogie. Explorer toutes les régions de la connaissance, sans se limiter à ce qu’il faut apprendre pour être un bon cadre efficace de la mondialisation financière.

Aller vers le savoir comme on va vers la mer.

Contempler le désert dans la pluie.

Ouvrir le monde comme une mangue.

Savoir raconter son rêve.


Parler

J’écris et je lis pour pouvoir parler - te parler - à toi lecteur. L’écriture est comme le chat de Schrödinger. Elle est à la fois morte et vive. Seul le lecteur lui donne une existence, par son regard interprétatif, dans une sorte de collapse du psi lecteur. Mais n’oublions pas que le premier lecteur est toujours l’auteur. L’écriture lui révèle les continents de l’invisible dont il est le Prince d’un instant. Parfois le mot émerge, île volcanique de la page planche. Ailleurs la phrase devient houleuse et l’image, une mouette bousculée.

Toute écriture est une parole silencieuse qui implique un écoutant susceptible de répondre. J’aime que mes doctorants puissent exposer la synthèse de leurs travaux à mi-chemin, lors des journées d’études ouvertes à tous. Je leur rappelle l’importance de la disputatio dans la tradition occidentale ou orientale (Bouddhisme tibétain). Le Jury universitaire digne de ce nom ne cherche jamais à détruire mais à questionner ce qui résiste à toute logique et que l’impétrant n’a pas osé nommer.

Parler, c’est sortir du savoir bancaire. Communiquer ce que l’on a pu glaner pour l’échanger. Parfois contre un sourire. Souvent contre une nouvelle interrogation.

En éducation, qui doute, dîne.

Conserver son savoir, c’est faire avec les livres, comme l’élevage industriel avec les volailles. Les poulets aux hormones me donnent des boutons. Je les laisse à la culture de Mac Donald, de Coca-Cola et de Disney Land !

Dire son savoir, sans en faire une légion d’honneur : toute la question !

Les étudiants ont besoin d’air. Les étouffer sous les citations d’auteurs inconnus est le plus grand risque des universitaires. Mais masquer son savoir, pour un intellectuel, est une escroquerie. Faire partager et créer ensemble… un pari ?

L’humour est sans doute un remède. L’amour-amitié, la Philia, une nécessité.

Après la vigilance éthique de rigueur, prendre garde à l’hypocrisie des censeurs et au politiquement correct. Aux Etats-Unis, derrière chaque enseignant, derrière chaque médecin, se cache un avocat.

Ne jamais oublier que dans un livre, comme chez un être vivant, il y a toujours une faille étoilée par où le sens se perd dans l’infini.

Parler pour me faire comprendre

Me faire comprendre pour susciter le questionnement

Susciter le questionnement pour devenir humain

Devenir humain pour trouver le sens de la vie.

Trouver le sens de la vie pour pouvoir la donner

Sinon, à quoi bon les sciences de l’homme et de la société ?


2- Réfléchir, Agir et méditer


Réfléchir

Réfléchir résulte de l’ensemble dynamique et interactif : écrire, lire, parler. Toute réflexion est de l’ordre de l’unidualité. A la fois Une et complètement personnelle, mais en même temps reliée nécessairement à un autre qui implique la société tout entière. C’est la mère (avant le père) qui commence à faire réfléchir son petit enfant car, avec elle, l’univers des significations imaginaires sociales - la société - entre nécessairement et déclôture la monade psychique de l’infans, comme le pense Cornelius Castoriadis. Je demande aux étudiants, ainsi, de comprendre à quel point ils sont seuls et à quel point ils sont solidaires dans la réflexion. Je tente de créer des dispositifs par lesquels ils peuvent faire l’expérience collective de ce processus.


Agir

La vie est activité. Rien n’est immobile, pas même la mort. Dans un cadavre, que de turbulences !

Agir correspond à l’insertion de la personne humaine dans l’ordre de l’univers. Elle agit avec une intentionnalité. Mais sans méditation, l’intentionnalité devient vite instrumentale, le projet se fait programme.

Toute la question consiste à passer de l’intention à l’attention et réciproquement, en spirale. Le sage oriental agit spontanément sans avoir l’intention d’agir, ce qui est incompréhensible pour le philosophe occidental.

L’éthique est à la base de l’agir. Est éthique tout ce qui va dans le sens de la vie, pris dans son acception de la Terre-Patrie (E. Morin). Ce qui exclut tous les intégrismes, les dogmatismes, les scientismes. Entre Hiroshima et les massacres d’hommes, de vieillards, de femmes et d’enfants en Algérie, c’est toujours la même logique du pire et de l’anti-vie.


Méditer

Réfléchir relève, en dernière instance, de la pensée du fond (Heidegger). Les savoirs n’ont de sens que s’ils ouvrent sur la connaissance de soi au sein du monde.

C’est à ce moment que l’éthique jaillit au cœur de la réflexion. Penser ne signifie pas seulement raisonner, développer une logique aristotélicienne ou dialectique.

Penser veut dire entrer dans l’intelligence du réel. Accroître son niveau d’autorisation noétique, c’est-à-dire son mieux-être en tant que personne humaine (Joëlle Macrez) [42].

Découvrir que dans la méditation, la pensée de la non-pensée (hishiryo comme disent les moines japonais), la pensée du fond est présente comme un bleu de lavandière éparpillé dans l’eau du ciel.

Penser impose de comprendre comment les autres civilisations ont donné et donnent encore du sens, de l’intelligibilité et de la sensibilité, au monde rencontré. Penser revient donc à remettre en question l’Occidentalisation du monde qui impose l’ère de la technologie planétaire dont parle Kostas Axelos avec profondeur [43].

Le penseur est une personne à part entière. Je définis la personne comme l’être humain intégré au cours du réel et chez qui il n’y a plus personne à nommer.

C’est le citoyen du monde par excellence. Le contraire du fanatique nationaliste, de l’intellectuel imbu de son autorité. L’être de la Terre-Patrie prise dans le flux universel.

Penser, c’est connaître, toujours d’une façon relative, et tenter de porter cette connaissance dans l’ordre du savoir. Penser, c’est se savoir lucidement inachevé. La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil (René Char).

N’oublions jamais que l’inachèvement, c’est ce que l’on contemple à l’horizon : un incendie bleu de lavandes.

Méditer, au sens du laïc, est une activité de l’esprit qui fait partie du réel. Méditer ne veut pas dire réfléchir, penser, imaginer. Méditer n’implique aucune position particulière, ni assise, ni debout. Zen ou Yoga, Prières chrétienne, hindoue ou musulmane, ne sont pas nécessaires (mais, parfois, ces conduites religieuses ont certaines conséquences dans l’ordre de la méditation).

Il n’existe aucun truc pour méditer. Aucun dieu n’a besoin d’être invoqué ou révoqué.

La méditation est la blancheur neigeuse de l’esprit. La cime du silence avant toutes les avalanches émotionnelles du quotidien. L’état de vacuité, de réceptivité totale à ce qui est. Une constante et sensible attention, sans effort. Une observation permanente à l’imprévu qui, sans cesse, émerge du réel.

Méditer est la non-intentionnalité en acte. Le fait de vivre, d’être, le Procès dans sa simplicité la plus radicale. Un poète mexicain touché par l’Orient, Octavio Paz, avait bien vu que la poésie devenait la véritable et seule religion possible de notre temps. Une religion sans dieu, sans garants métasociaux, à travers laquelle s’exprime l’homme incertain et inachevé [44].

Parfois, dans cette voie abrupte, il arrive que l’on comprenne quelque chose de non-définissable… C’est ce que je nomme le flash existentiel.

Eduquer consiste en une médiation/défi entre les savoirs hétéronomes et la Connaissance toujours autonome. Eduquer est du domaine de l’entre-deux. Un trait d’union interactif qui, à la fois, dit l’un et le deux, le latent et le manifeste, la création et la finitude.

René BARBIER
Université Paris 8, Paris, France.


Références


[1] René Barbier, L’Approche Transversale , l’écoute sensible en sciences humaines, paris, Anthropos, 1997.

[2] Marcel Gauchet, La religion dans la démocratie, Paris, Gallimard, folio-essais, 2002 (1998).

[3] Dany-Robert Dufour, Folie et démocratie.Essai sur la forme unaire, Paris, Gallimard, Le débat, 1996.

[4] René Barbier (s/dir), Education et sagesse. La quête de sens, Paris, Albin Michel, Question de, n°123, 2001.

[5] Basarab Nicolescu, La transdisciplinarité, manifeste, Monaco, Editions du Rocher, Collection « Transdisciplinarité", 1996.

[6] Michel Lacroix, Le culte de l’émotion, Paris, Flammarion, 2001.

[7] Jiddu Krishnamurti, Carnets, Paris, les éditions du Rocher, 1988.

[8] Roberto Juarroz, Quinzième poésie verticale, Corti, septembre 2002.

[9] Antonio Porchia, Voix, suivi de Autres Voix (Voces ; Voces secunda serie), préface de Jorge Luis Borges, postface de Roberto Juarroz, traduit de l’espagnol par Roger Munier. [Paris], Editions Fayard, “ Documents spirituels ” n° 16, 1978.

[10] Claude Roy, Les chercheurs de Dieux. Délivrez-nous des dieux vivants, des pères du peuple et du besoin de croire, Paris, Gallimard 1981.

[11], voir le site http://www.prevensectes.com/rapmils2.htm#17 (visité le 14 octobre 2004).

[12], voir le site Actualités sur les sectes (mars 2000) http://www.prevensectes.com/rev0003.htm#23 et http://www.prevensectes.com/rap1687a.php (visité le 14 octobre 2004).

[13] Raimon Panikkar, Eloge du simple. Le moine comme archétype universel, Paris, Albin Michel, 1995.

[14] Cornelius Castoriadis, L’institution imaginaire de la société, Paris, Seuil, 1975.

[15] Edgar Morin, Anne-Brigitte Kern, Terre-patrie, Paris, Seuil, 1993.

[16] André Comte-Sponville, De l’autre côté du désespoir. Introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad, Paris, Edition Acaarias, L’originel, 1997.

[17] Eric Julien, Le chemin des neuf mondes. Les Indiens Kogis de Colombie peuvent nous renseigner les mystères de la vie, Paris, Albin Michel, 2001.

[18] Gilles Deleuze, Felix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie, Paris, Les éditions de minuit, 1991.

[19] Luc Ferry, L’homme-Dieu et le sens de la vie, Paris, Grasset, 1996.

[20] Jerémy Rifkin, La fin du travail, préface de Michel Roccard, Paris, La Découverte, 1998.

[21] Jean Rouch, Les maîtres fous, 1954, voir filmographie http://www.arkepix.com/kinok/Jean%20ROUCH/rouch_filmo.html (site visité le 14 octobre 2004).

[22] Olivier Reboul, La philosophie de l’éducation, Paris, Ed. PUF, coll. Que sais-je ?, neuvième édition, 2001.

[23] René Barbier, cours universitaire en ligne sur Krishnamurti et l’éducation, université Paris 8, 2004, http://educ.univ-paris8.fr/LIC_MAIT/weblearn2002/KenligneP8/Kindex.html.

[24] Alain Touraine, Le Retour de l’Acteur, Fayard, 1984 et La recherche de soi. Dialogue sur le Sujet (avec Farhad Khosrokhavar), Fayard, 2000.

[25] David Bohm, La plénitude de l’univers, Paris, les éditions du Rocher, 1992

[26] Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, La nouvelle alliance, Paris, Gallimard, 1986.

[27] Ignacio Ramonet, Geopolitique du chaos, Paris, Gallimard, 1999.

[28] Max Pagès, Didier Van Den Hove, Le travail d’exister Paris, Desclee de Brouwer, 1996.

[29] Marcel Bol de Balle, (s/dir), La reliance. Voyage au coeur des sciences humaines Paris L’Harmattan 1 (T.1 et 2), 1996.

[30] Christian Bobin, Eloge du rien, Paris, Fata Morfata, 1990.

[31] François Jullien, Procès ou création, Une introduction à la pensée des Lettrés chinois, Seuil, 1989.

[32] René Barbier (s.dir,), Regards autres sur l’éducation en Chine, Paris, Pratiques de Formation/Analyse, n°45-46, Université Paris 8, Formation Permanente, décembre 2003.

[33] Maria Antonia Santandreu Caldentey, Michel Lobrot, une aventure humaine, Doctorat d’anthropologie, université Paris 7, novembre 2002, 375 pages, direction Pr. Patrick Boumard, Université Rennes II.

[34] Anne-Marguerite Vexiau, Je choisis ta main pour parler, Robert Laffont, 1996.

[35] Jean-Marie Vidal, dialoguer avec les autistes, La Recherche, septembre 1997, 36-39.

[36] Christian Bobin, La part manquante, Gallimard, 1996.

[37] Isabelle Stengers,Cosmopolitiques, La Découverte, 1996.

[38] Jean Cohen, Structure du langage poétique, Flammarion, 1966.

[39] Richard Brown, clefs pour une poétique de la sociologie, Actes Sud, 1989.

[40] Jean Foucambert, La manière d’être lecteur, (1976), Albin Michel, 1994.

[41] Patrick Berthier, Le deuxième apprentissage de la lecture, Anthropos, 1999.

[42] Joëlle Macrez, L’autorisation noétique, par quels chemins parvient-on à la réalisation de soi ? Doctorat en Sciences de l’éducation, mars 2002, Université Paris 8, S/dir R.Barbier, 635 p.

[43] Kostas Axelos, Ce questionnement, Editions de Minuit, 2001.

[44] Paul-Henri Giraud, Octavio Paz. Vers la transparence, PUF, coll. Partage du savoir, 2002, 303 p.


Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires n° 18 - Mars 2005

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