CIRET |
Centre International de Recherches et études Transdisciplinaires
La croissance sans précédent des savoirs à notre époque rend légitime la question de l'adaptation des mentalités à ces savoirs. L'enjeu est de taille car l'extension continue de la civilisation de type occidental à l'échelle planétaire rendrait sa chute équivalente à un incendie planétaire sans commune mesure avec les deux premières guerres mondiales.
Pour la pensée classique il n'y a que deux solutions de sortie d'une situation de déclin : la révolution sociale ou le retour à un supposé "âge d'or".
La révolution sociale a déjà été expérimentée au cours du siècle qui s'achève et ses résultats ont été catastrophiques. L'homme nouveau n'était qu'un homme creux et triste. Quels que soient les aménagements cosmétiques que le concept de "révolution sociale" ne tardera de subir dans l'avenir, ils ne pourront pas effacer de notre mémoire collective ce qui a été effectivement expérimenté.
Le retour à l'âge d'or n'a pas encore été essayé, pour la simple raison que l'âge d'or n'a pas été retrouvé. Même si on suppose que cet âge d'or a existé dans des temps immémoriaux, ce retour devrait nécessairement s'accompagner d'une révolution intérieure dogmatique , image en miroir de la révolution sociale. Les différents intégrismes religieux qui couvrent la surface de la terre de leur manteau noir sont un mauvais présage de la violence et du sang qui pourraient jaillir de cette caricature de "révolution intérieure".
Mais, comme toujours, il y a une troisième solution. Cette troisième solution fait l'objet du présent manifeste.
L'harmonie entre les mentalités et les savoirs présuppose que ces savoirs soient intelligibles, compréhensibles. Mais une compréhension peut-elle encore exister à l'ère du big bang disciplinaire et de la spécialisation à outrance ?
Un Pic de la Mirandole à notre époque est inconcevable. Deux spécialistes de la même discipline ont aujourd'hui du mal à comprendre leurs propres résultats réciproques. Cela n'a rien de monstrueux dans la mesure où c'est l'intelligence collective de la communauté attachée à cette discipline qui la fait progresser, et non pas un seul cerveau qui devrait forcément connaître tous les résultats de tous ses collègues-cerveaux, ce qui est impossible. Car il y a aujourd'hui des centaines de disciplines. Comment un physicien théoricien des particules pourrait-il vraiment dialoguer avec un neurophysiologiste, un mathématicien avec un poète, un biologiste avec un économiste, un politicien avec un informaticien, au-delà de généralités plus ou moins banales ? Et pourtant un véritable décideur devrait pouvoir dialoguer avec tous à la fois. Le langage disciplinaire est un barrage apparemment infranchissable pour un néophyte. Et nous sommes tous les néophytes des autres. La Tour de Babel serait-elle inévitable ?
Néanmoins, un Pic de la Mirandole à notre époque est concevable dans la forme d'un superordinateur dans lequel on pourrait injecter toutes les connaissances de toutes les disciplines. Ce superordinateur pourrait tout savoir mais ne rien comprendre. L'utilisateur de ce superordinateur ne serait pas dans une meilleure situation que le superordinateur lui-même. Il aurait instantanément accès à n'importe quel résultat de n'importe quelle discipline, mais il serait incapable de comprendre leurs significations et encore moins de faire des liens entre les résultats des différentes disciplines.
Ce processus de babélisation ne peut pas continuer sans mettre en danger notre propre existence, car il signifie qu'un décideur devient, malgré lui, de plus en plus incompétent. Les défis majeurs de notre époque, comme par exemple les défis d'ordre éthique, réclament de plus en plus de compétences. Mais la somme des meilleurs spécialistes dans leurs domaines ne peut engendrer, de toute évidence, qu'une incompétence généralisée, car la somme des compétences n'est pas la compétence : sur le plan technique, l'intersection entre les différents domaines du savoir est un ensemble vide. Or, qu'est-ce qu'un décideur, individuel ou collectif, sinon celui qui est capable de prendre en compte toutes les données du problème qu'il examine ?
Le besoin indispensable de liens entre les différentes disciplines s'est traduit par l'émergence, vers le milieu du XXème siècle, de la pluridisciplinarité et de l'interdisciplinarité.
La pluridisciplinarité concerne l'étude d'un objet d'une seule et même discipline par plusieurs disciplines à la fois . Par exemple, un tableau de Giotto peut être étudié par le regard de l'histoire de l'art croisé avec celui de la physique, la chimie, l'histoire des religions, l'histoire de l'Europe et la géométrie. Ou bien, la philosophie marxiste peut être étudiée par le regard croisé de la philosophie avec la physique, l'économie, la psychanalyse ou la littérature. L'objet sortira ainsi enrichi du croisement de plusieurs disciplines. La connaissance de l'objet dans sa propre discipline est approfondie par un apport pluridisciplinaire fécond. La recherche pluridisciplinaire apporte un plus à la discipline en question (l'histoire de l'art ou la philosophie, dans nos exemples), mais ce "plus" est au service exclusif de cette même discipline. Autrement dit, la démarche pluridisciplinaire déborde les disciplines mais sa finalité reste inscrite dans le cadre de la recherche disciplinaire.
L'interdisciplinarité a une ambition différente de celle de la pluridisciplinarité. Elle concerne le transfert des méthodes d'une discipline à l'autre . On peut distinguer trois degrés de l'interdisciplinarité : a) un degré d'application . Par exemple, les méthodes de la physique nucléaire transférées à la médecine conduisent à l'apparition de nouveaux traitements du cancer ; b) un degré épistémologique . Par exemple, le transfert des méthodes de la logique formelle dans le domaine du droit génère des analyses intéressantes dans l'épistémologie du droit ; c) un degré d'engendrement de nouvelles disciplines . Par exemple, le transfert des méthodes de la mathématique dans le domaine de la physique a engendré la physique mathématique, de la physique des particules à l'astrophysique - la cosmologie quantique, de la mathématique aux phénomènes météorologiques ou ceux de la bourse - la théorie du chaos, de l'informatique dans l'art - l'art informatique. Comme la pluridisciplinarité, l'interdisciplinarité déborde les disciplines mais sa finalité reste aussi inscrite dans la recherche disciplinaire . Par son troisième degré, l'interdisciplinarité contribue même au big bang disciplinaire.
La transdisciplinarité concerne, comme le préfixe "trans" l'indique, ce qui est à la fois entre les disciplines, à travers les différentes disciplines et au delà de toute discipline. Sa finalité est la compréhension du monde présent , dont un des impératifs est l'unité de la connaissance.
Y a-t-il quelque chose entre et à travers les disciplines et au delà de toute discipline ? Du point de vue de la pensée classique il n'y a rien, strictement rien. L'espace en question est vide, complètement vide, comme le vide de la physique classique. Même si elle renonce à la vision pyramidale de la connaissance, la pensée classique considère que chaque fragment de la pyramide, engendré par le big bang disciplinaire, est une pyramide entière ; chaque discipline clame que le champ de sa pertinence est inépuisable. Pour la pensée classique, la transdisciplinarité est une absurdité car elle n'a pas d'objet. En revanche pour la transdisciplinarité, la pensée classique n'est pas absurde mais son champ d'application est reconnu comme étant restreint.
En présence de plusieurs niveaux de Réalité, l'espace entre les disciplines et au delà des disciplines est plein, comme le vide quantique est plein de toutes les potentialités : de la particule quantique aux galaxies, du quark aux éléments lourds qui conditionnent l'apparition de la vie dans l'Univers.
La structure discontinue des niveaux de Réalité détermine la structure discontinue de l'espace transdisciplinaire , qui, à son tour, explique pourquoi la recherche transdisciplinaire est radicalement distincte de la recherche disciplinaire, tout en lui étant complémentaire. La recherche disciplinaire concerne, tout au plus, un seul et même niveau de Réalité ; d'ailleurs, dans la plupart des cas, elle ne concerne que des fragments d'un seul et même niveau de Réalité. En revanche, la transdisciplinarité s'intéresse à la dynamique engendrée par l'action de plusieurs niveaux de Réalité à la fois . La découverte de cette dynamique passe nécessairement par la connaissance disciplinaire. La transdisciplinarité, tout en n'étant pas une nouvelle discipline ou une nouvelle hyperdiscipline, se nourrit de la recherche disciplinaire, qui, à son tour, est éclairée d'une manière nouvelle et féconde par la connaissance transdisciplinaire. Dans ce sens, les recherches disciplinaires et transdisciplinaires ne sont pas antagonistes mais complémentaires.
Les trois piliers de la transdisciplinarité - les niveaux de Réalité, la logique du tiers inclus et la complexité - déterminent la méthodologie de la recherche transdisciplinaire .
Un saisissant parallèle existe entre les trois piliers de la transdisciplinarité et les trois postulats de la science moderne.
Les trois postulats méthodologiques de la science moderne sont restés inchangés de Galilée jusqu'à nos jours, malgré l'infinie diversité des méthodes, théories et modèles qui ont traversé l'histoire des différentes disciplines scientifiques. Mais une seule science satisfait entièrement et intégralement les trois postulats : la physique. Les autres disciplines scientifiques ne satisfont que partiellement les trois postulats méthodologiques de la science moderne. Toutefois, l'absence d'une formalisation mathématique rigoureuse de la psychologie, de l'histoire des religions et d'une multitude d'autres disciplines ne conduit pas à l'élimination de ces disciplines du champ de la science. Même les sciences de pointe, comme la biologie moléculaire, ne peuvent pas prétendre, tout du moins pour l'instant, à une formalisation mathématique aussi rigoureuse que celle de la physique. Autrement dit, il y a des degrés de disciplinarité en fonction de la prise en compte, plus ou moins complète, des trois postulats méthodologiques de la science moderne.
De même, la prise en compte plus ou moins complète des trois piliers méthodologiques de la recherche transdisciplinaire engendre différents degrés de transdisciplinarité . La recherche transdisciplinaire correspondant à un certain degré de transdisciplinarité s'approchera plutôt de la multidisciplinarité (comme dans le cas de l'éthique) ; celle à un autre degré - de l'interdisciplinarité (comme dans le cas de l'épistémologie) ; et celle encore à un autre degré - de la disciplinarité.
La disciplinarité, la pluridisciplinarité, l'interdisciplinarité et la transdisciplinarité sont les quatre flèches d'un seul et même arc : celui de la connaissance .
Comme dans le cas de la disciplinarité, la recherche transdisciplinaire n'est pas antagoniste mais complémentaire de la recherche pluri et interdisciplinaire. La transdisciplinarité est néanmoins radicalement distincte de la pluridisciplinarité et de l'interdisciplinarité, de par sa finalité, la compréhension du monde présent, qu'il est impossible d'inscrire dans la recherche disciplinaire. La finalité de la pluri et de l'interdisciplinarité est toujours la recherche disciplinaire. Si la transdisciplinarité est si souvent confondue avec l'interdisciplinarité et la pluridisciplinarité (comme, d'ailleurs, l'interdisciplinarité est si souvent confondue avec la pluridisciplinarité), cela s'explique en majeure partie par le fait que toutes les trois débordent les disciplines. Cette confusion est très nocive dans la mesure où elle occulte les finalités différentes de ces trois nouvelles approches.
Tout en reconnaissant le caractère radicalement distinct de la transdisciplinarité par rapport à la disciplinarité, la pluridisciplinarité et l'interdisciplinarité, il serait extrêmement dangereux d'absolutiser cette distinction, auquel cas la transdisciplinarité serait vidée de tout son contenu et son efficacité dans l'action réduite à néant.
Le caractère complémentaire des approches disciplinaire, pluridisciplinaire, interdisciplinaire et transdisciplinaire est mis en évidence d'une manière éclatante, par exemple, dans l'accompagnement des mourants . Cette démarche relativement nouvelle de notre civilisation est d'une extrême importance, car, en reconnaissant le rôle de notre mort dans notre vie, nous découvrons des dimensions insoupçonnées de la vie elle-même. L'accompagnement des mourants ne peut faire l'économie d'une recherche transdisciplinaire dans la mesure où la compréhension du monde présent passe par la compréhension du sens de notre vie et du sens de notre mort en ce monde qui est nôtre.
Except from the book MANIFESTO OF TRANSDISCIPLINARITY by Basarab Nicolescu
SUNY Press, USA
Translation by Karen-Claire Voss
One thing is certain: a great unbalance between the mentalities of the actors and the inner needs of the development of a particular type of society always accompanies the fall of a civilization. Although a civilization never stops proliferating new knowledge, it is as if that knowledge can never be integrated within the interior being of those who belong to this civilization. And after all, it is the human being who must be placed in the center of any civilization worthy of the name.
The unprecedented increase of knowledge in our era renders the question of how to adapt our mentality to this knowledge a legitimate challenge. The challenge is enormous because the influence of the Western style of civilization throughout the planet is so pervasive that its downfall would be the equivalent of a planetary conflagration far exceeding the destruction which we suffered in the two world wars.
Within the framework of classical thought, the only existing solutions for escape from a declining situation are a social revolution or a return to a supposedly "Golden Age".
Social revolution has already been experienced in the course of the century now coming to an end and its results have been catastrophic. The New Man turned out to be only a sad, empty man. No matter what cosmetic ameliorations the concept of "social revolution" undergoes they will never be able to erase from our collective memory that which has actually been experienced.
The return to a Golden Age has not yet been tried, for the simple reason that the existence of a Golden Age in the first place has not been established. Even if one supposes that a Golden Age did exist in time immemorial, such a return would necessarily have to be accompanied by an interior dogmatic revolution , the mirror image of the social revolution. The different religious fundamentalisms which cover the surface of the earth with their black mantle are an evil portent of the violence and blood which would burst forth from this caricature of authentic "interior revolution."
As always, there is a third solution. This third solution constitutes the object of the present manifesto.
Harmony between mentalities and knowledge presupposes that these known facts would be intelligible, comprehensible. But can such understanding exist in the era of the disciplinary big bang and relentless specialization?
In our time, a Pico della Mirandola is inconceivable. Today, two specialists in the same discipline must make a serious effort in order to understand their respective results. There is nothing especially troubling about this in so far as it is the collective intelligence of the community attached to this discipline which makes it progress, not simply a single brain which must necessarily know all the results of all his colleagues' brains, clearly an impossibility. Today there are hundreds of disciplines. How can a theoretical particle physicist truly dialogue with a neurophysiologist, a mathematician with a poet, a biologist with an economist, a politician with a computer programmer, beyond mouthing more or less trivial generalities? Yet, a true decision-maker must be able to dialogue with all of them at once. Disciplinary language is an apparently insurmountable barrier for a neophyte, and each of us is a neophyte in some area. Is a modern tower of Babel inevitable?
Perhaps a Pico della Mirandola in our time could be conceivable if he took the form of a supercomputer into which one could load all the known data which has been generated by all existing disciplines. This supercomputer would be capable of knowing everything while understanding nothing. Its user would be no better off than the supercomputer itself. The user would have immediate access to any results from any discipline, but would be incapable of understanding their meanings, still less of making connections between the results of different disciplines.
This process of "Babelization" cannot continue without putting our own existence into danger because a decision-maker becomes increasingly more incompetent regardless of his or her intention. Without exception, each of the major challenges of our era -- for example, the challenge of formulating an ethics adapted to the contemporary world -- require more and more compe tencies. However, it is obvious that even a group comprised of the best specialists from all the various disciplines would only be able to develop one generalized incompetence, for the simple reason that the sum total of competencies is not competence: on the technical level, the intersection between different domains of knowledge is an empty ensemble. Now, what is a decision maker, individual or collective, if not capable of taking into account all the givens of the problem being examined?
The indispensable need for bridges between the different disciplines is attested to by the emergence of pluridisciplinarity and interdisciplinarity around the middle of the 20th century.
Pluridisciplinarity concerns studying a research topic not in only one discipline but in several at the same time . For example, a painting by Giotto can be studied not only within art history but within history of religions, European history, and geometry. Or else Marxist philosophy can be studied with a view toward blending philosophy with physics, economics, psychoanalysis or literature. The topic in question will ultimately be enriched by blending the perspectives of several disciplines. Moreover, our understanding of the topic in terms of its own discipline is deepened by a fertile multidisciplinary approach. Multidisciplinarity brings a plus to the discipline in question (the history of art or philosophy in our examples), but we must remember that this "plus" is always in the exclusive service of the home discipline. In other words, the multidisciplinary approach overflows disciplinary boundaries while its goal remains limited to the framework of disciplinary research .
Interdisciplinarity has a different goal from multidisciplinarity. It concerns the transfer of methods from one discipline to another . One can distinguish three degrees of interdisciplinarity: a) a degree of application . For example, when the methods of nuclear physics are transferred to medicine it leads to the appearance of new treatments for cancer; b) an epistemological degree . For example, transferring methods of formal logic to the area of general law generates some interesting analyses of the epistemology of law; c) a degree of the generation of new disciplines . For example, when methods from mathe matics were transferred to physics mathematical physics was generated, and when they were transferred to meterological phenomena or stock market processes they generated chaos theory; transferring methods from particle physics to astrophysics produced quantum cosmology; and from the transfer of computer methods to art computer art was derived. Like pluridisciplinarity, interdisciplinarity overflows the disciplines but its goal still remains within the framework of disciplinary research . It is through the third degree that interdisciplinarity contributes to the disciplinary big bang.
As the prefix "trans" indicates, transdisciplinarity concerns that which is at once between the disciplines, across the different disciplines, and beyond all discipline. Its goal is the understanding of the present world , of which one of the imperatives is the unity of knowledge.
Is there something between and across the disciplines and beyond all disciplines? From the point of view of classical thought there is nothing, strictly nothing: the space in question is empty, completely empty, like the vacuum of classical physics. Even if it renounces the pyramidal vision of knowledge, classical thought considers each fragment of the pyramid which is generated by the disciplinary big bang as an entire pyramid; each discipline claims that it is sufficient unto itself. For classical thought, transdisciplinarity appears absurd because it does not appear to have an object. In contrast, within the framework of transdisciplinarity, classical thought does not appear absurd; rather, it simply appears to have a restricted sphere of applicability.
In the presence of several levels of Reality the space between disciplines and beyond disciplines is full just as the quantum vacuum is full of all potentialities: from the quantum particle to the galaxies, from the quark to the heavy elements which condition the appearance of life in the universe. The discontinuous structure of the levels of Reality determines the discontinuous structure of transdisciplinary space , which in turn explains why transdisciplinary research is radical ly distinct from disciplinary research, even while being entirely complementary. Disciplinary research concerns, at most, one and the same level of Reality ; moreover, in most cases, it only concerns fragments of one level of Reality. On the contrary, transdisciplinarity concerns the dynamics engendered by the action of several levels of Reality at once . The discovery of these dynamics necessarily passes through disciplinary knowledge. While not a new discipline or a new superdiscipline, transdisciplinarity is nourished by disciplinary research; in turn, disciplinary research is clarified by transdisciplinary knowledge in a new, fertile way. In this sense, disciplinary and transdisciplinary research are not antagonistic but complementary.
The three pillars of transdisciplinarity -- levels of Reality, the logic of the included middle, and complexity -- determine the methodology of transdisciplinary research .
There is an interesting parallel between the three pillars of transdisciplinarity and the three postulates of modern science.
In spite of an almost infinite diversity of methods, theories and models which have traversed the history of different scientific disciplines, the three methodological postulates of modern science have remained unchanged from Galileo until our day. Only one science has entirely and integrally satisfied the three postulates: physics. The other scientific disciplines only partially satisfy the three methodological postulates of modern science. However, the absence of rigorous mathematical formalization in psychology, history of religions, and a multitude of other disciplines does not lead to the elimination of these disciplines from the field of science. At least for the moment, not even an exact science like molecular biology, can claim a mathematical formalization as rigorous as that of phys ics. In other words, there are degrees of disciplinarity which can respectively take into account more or less completely the three methodological postulates of modern science.
Likewise, the process of more or less completely taking account of the three methodological pillars of transdisciplinary research generates different degrees of transdisciplinarity . Transdisciplinary research which corresponds to a certain degree of transdisciplinarity will be closer to multidisciplinarity (as in the case of ethics); one which corresponds to another degree will be closer to interdisciplinarity (as in the case of epistemology); and that corresponding to yet another degree will be closer to disciplinarity.
Disciplinarity, multidisciplinarity, interdisciplinarity and transdisciplinarity are like four arrows shot from but a single bow: knowledge .
As in the case of disciplinarity, transdisciplinary research is not antagonistic but complementary to multidisciplinarity and interdisciplinarity research. Transdisciplinarity is nevertheless radically distinct from multidisciplinarity and interdisciplinarity because of its goal, the understanding of the present world, which cannot be accomplished in the framework of disciplinary research. The goal of multidisciplinarity and interdisciplinarity always remains within the framework of disciplinary research. If transdisciplinarity is often confused with interdisciplinarity and multidisciplinarity (and by the same token, we note that interdisciplinarity is often confused with multidisciplinarity) this is explained in large part by the fact that all three overflow disciplinary boundaries. This confusion is very harmful to the extent that it functions to hide the different goals of these three new approaches.
Although we recognize the radically distinct character of transdisciplinarity in relation to disciplinarity, multidisciplinarity, and interdisciplinarity, it would be extremely dangerous to absolutize this distinction, in which case transdisciplinarity would be emptied of all its contents and its efficacy in action reduced to nothing.
The complementary character of disciplinary, multidisciplinary, interdisciplinary, and transdisciplinary approaches is demonstrated in a stunning way, for example, by the accompaniment of the dying . This relatively new approach to the dying is extremely important because in recognizing the role of our death in our life, we discover hitherto unsuspected dimensions of life itself. Accompanying the dying is greatly enriched by transdisciplinary research because deeper understanding of the present world must pass through deeper understanding of the meaning of our life and of our death in this world which is ours.
Tradução de Lucia Pereira de Souza
O crescimento sem precedente dos conhecimentos em nossa época torna legÃtima a questão da adaptação das mentalidades a estes saberes. O desafio é grande pois a expansão contÃnua da civilização de tipo ocidental por todo o planeta torna sua queda equivalente a um incêndio planetário sem termo de comparação as duas primeiras guerras mundiais.
Para o pensamento clássico só existem duas soluções para sair de uma situação de declÃnio: a revolução social ou o retorno a uma suposta "idade de ouro".
A revolução social já foi tentada no decorrer do século que está acabando e seus resultados foram catastróficos. 0 homem novo não passou de um homem vazio e triste. Quaisquer que sejam os retoques cosméticos que o conceito de "revolução social" sofrer no futuro próximo, eles não poderão apagar de nossa memória coletiva aquilo que efetivamente foi experimentado.
O retorno à idade de ouro ainda não foi tentado, pela simples razão de que a idade de ouro não foi encontrada. Mesmo se supormos que esta idade de ouro tenha existido em tempos imemoriais, este retorno deveria necessariamente se fazer acompanhar por uma revolução interior dogmática, imagem espelhada da revolução social. Os diferentes integrismos religiosos que cobrem a superfÃcie da terra com seu manto negro são um mau presságio da violência e do sangue que poderia jorrar desta caricatura de ‘revolução interior’.
No entanto, como sempre, há uma terceira solução. Esta terceira solução é o objeto do presente manifesto.
A harmonia entre as mentalidades e os saberes pressupõe que estes saberes sejam inteligÃveis, compreensÃveis. Todavia, ainda seria possÃvel existir uma compreensão na era do big-bang disciplinar e da especialização exagerada?
Um Pico de la Mirandola é inconcebÃvel em nossa época. Dois especialistas na mesma disciplina têm, hoje em dia, dificuldade em compreender seus resultados recÃprocos. Isto nada tem de monstruoso, na medida em que é a inteligência coletiva da comunidade ligada a esta disciplina que a faz progredir e não um finito cérebro que teria de conhecer todos os resultados de todos seus colegas-cérebros, o que é impossÃvel. Pois, hoje em dia, existem centenas de disciplinas. Como poderia um fÃsico teórico de partÃculas dialogar seriamente com um neurofisiologista, um matemático com um poeta, um biólogo com um economista, um polÃtico com um especialista em informática, exceto sobre generalidades mais ou menos banais? E no entanto, um verdadeiro lÃder deveria poder dialogar com todos ao mesmo tempo. A linguagem disciplinar é uma barreira aparentemente intransponÃvel para um neófito. E todos somos neófitos uns dos outros. Seria a Torre de Babel inevitável?
No entanto, um Pico de la Mirandola em nossa época é concebÃvel na forma de um supercomputador no qual poderÃamos injetar todos os conhecimentos de todas as disciplinas. Este supercomputador poderia tudo saber mas nada compreender. O usuário deste supercomputador não estaria em melhor situação que o próprio supercomputador. Ele teria acesso instantâneo a não importa que resultado de não importa qual disciplina, mas seria incapaz de compreender seus significados e muito menos de fazer ligação entre os resultados das diferentes disciplinas.
Este processo de babelização não pode continuar sem colocar em perigo nossa própria existência, pois faz com que qualquer lÃder se torne, queira ou não, cada vez mais incompetente. Um dos maiores desafios de nossa época, como por exemplo os desafios de ordem ética, exigem competências cada vez maiores. Mas a soma dos melhores especialistas em suas especialidades não consegue gerar senão uma incompetência generalizada, pois a soma das competências não é a competência: no plano técnico, a intercessão entre os diferentes campos do saber é um conjunto vazio. Ora, o que vem a ser um lÃder, individual ou coletivo, senão aquele que é capaz de levar em conta todos os dados do problema que examina?
A necessidade indispensável de laços entre as diferentes disciplinas traduziu-se pelo surgimento, na metade do século XX da pluridisciplinaridade e da interdisciplinaridade.
A pluridisciplinaridade diz respeito ao estudo de um objeto de uma mesma e única disciplina por várias disciplinas ao mesmo tempo. Por exemplo, um quadro de Giotto pode ser estudado pela ótica da história da arte, em conjunto com a da fÃsica, da quÃmica, da história das religiões, da história da Europa e da geometria. Ou ainda, a filosofia marxista pode ser estudada pelas óticas conjugadas da filosofia, da fÃsica, da economia, da psicanálise ou da literatura. Com isso, o objeto sairá assim enriquecido pelo cruzamento de várias disciplinas. O conhecimento, do objeto em sua própria disciplina é aprofundado por uma fecunda contribuição pluridisciplinar. A pesquisa pluridisciplinar traz um algo a mais à disciplina em questão (a história da arte ou a filosofia, em nossos exemplos), porém este algo a mais está a serviço apenas desta mesma disciplina. Em outras palavras, a abordagem pluridisciplinar ultrapassa as disciplinas, mas sua finalidade continua inscrita na estrutura da pesquisa disciplinar.
A interdisciplinaridade tem uma ambição diferente daquela da pluridisciplinaridade. Ela diz respeito à transferência de métodos de uma disciplina para outra. Podemos distinguir três graus de interdisciplinaridade: a) um grau de aplicação. Por exemplo, os métodos da fÃsica nuclear transferidos para a medicina levam ao aparecimento de novos tratamentos para o câncer; b) um grau epistemológico. Por exemplo, a transferência de métodos da lógica formal para o campo do direito produz análises interessantes na epistemologia do direito; c) um grau de geração de novas disciplinas. Por exemplo, a transferência dos métodos da matemática para o campo da fÃsica gerou a fÃsica-matemática; os da fÃsica de partÃculas para a astrofÃsica, a cosmologia quântica; os da matemática para os fenômenos meteorológicos ou para os da bolsa, a teoria do caos; os da informática para a arte, a arte informática. Como a pluridisciplinaridade, a interdisciplinaridade ultrapassa as disciplinas, mas sua finalidade também permanece inscrita na pesquisa disciplinar. Pelo seu terceiro grau, a interdisciplinaridade chega a contribuir para o big-bang disciplinar.
A transdisciplinaridade, como o prefixo ‘trans’ indica, diz respeito àquilo que esta ao mesmo tempo entre as disciplinas, através das diferentes disciplinas e além, de qualquer disciplina. Seu objetivo é a compreensão do mundo presente, para o qual um dos imperativos é a unidade do conhecimento.
Haveria alguma coisa entre e através das disciplinas e além delas? Do ponto de vista do pensamento clássico, não há nada, absolutamente nada. O espaço em questão é vazio, completamente vazio, como o vazio da fÃsica clássica. Mesmo renunciando à visão piramidal do conhecimento, o pensamento clássico considera que cada fragmento da pirâmide, gerado pelo big-bang disciplinar, é uma pirâmide inteira; cada disciplina proclama que o campo de sua pertinência é inesgotável. Para o pensamento clássico, a transclisciplinaridade é um absurdo porque não tem objeto. Para a transdisciplinaridade, por sua vez, o pensamento clássico não é absurdo, mas seu campo de aplicação é considerado como restrito.
Diante de vários nÃveis de Realidade, o espaço entre as disciplinas e além delas está cheio, como o vazio quântico está cheio de todas as potencialidades: da partÃcula quântica à s galáxias, do quark aos elementos pesados que condicionam o aparecimento da vida no Universo.
A estrutura descontÃnua dos nÃveis de Realidade determina a estrutura descontÃnua do espaço transdisciplinar, que, por sua vez, explica porque a pesquisa transdisciplinar é radicalmente distinta da pesquisa disciplinar, mesmo sendo complementar a esta. A pesquisa disciplinar diz respeito, no máximo, a um único e mesmo nÃvel de Realidade, aliás, na maioria dos casos, ela só diz respeito a fragmentos de um único e mesmo nÃvel de Realidade. Por outro lado, a transdisciplinaridade se interessa pela dinâmica gerada pela ação de vários nÃveis de Realidade ao mesmo tempo. A descoberta desta dinâmica passa necessariamente pelo conhecimento disciplinar. Embora a transclisciplinaridade não seja uma nova disciplina, nem uma nova hiperdisciplina, alimenta-se da pesquisa disciplinar que, por sua vez, é iluminada de maneira nova e fecunda pelo conhecimento transdisciplinar. Neste sentido, as pesquisas disciplinares e transdisciplinares não são antagonistas mas complementares.
Os três pilares da transdisciplinaridade - os nÃveis de Realidade, a lógica do terceiro incluÃdo e a complexidade - determinam a metodologia da pesquisa transdisciplinar.
Há um paralelo surpreendente entre os três pilares da transdisciplinaridade e os três postulados da ciência moderna.
Os três postulados metodológicos da ciência moderna permaneceram imutáveis de Galileu até os nossos dias, apesar da infinita diversidade dos métodos, teorias e modelos que atravessaram a história das diferentes disciplinas cientÃficas. No entanto, uma única ciência satisfaz inteira e integralmente os três postulados: a fÃsica. As outras disciplinas cientÃficas só satisfazem parcialmente os três postulados metodológicos da ciência moderna.Todavia, a ausência de uma formalização matemática rigorosa da psicologia, da historia das religiões e de um número enorme de outras disciplinas não leva à eliminação dessas disciplinas do campo da ciência. Mesmo as ciências de ponta, como a biologia molecular, não podem pretender, ao menos por enquanto, uma formalização matemática tão rigorosa como a da fÃsica. Em outras palavras, há graus de disciplinaridade proporcionais à maior ou menor satisfação dos três postulados metodológicos da ciência moderna.
Da mesma forma, a maior ou menor satisfação dos três pilares metodológicos da pesquisa transdisciplinar gera diferentes graus de transdisciplinaridade. A pesquisa transdisciplinar correspondente a um certo grau de transdisciplinaridade se aproximará mais da multidisciplinaridade (como no caso da ética); num outro grau, se aproximará mais da interdisciplinaridade (como no caso da epistemologia); e ainda num outro grau, se aproximará mais da disciplinaridade.
A disciplinaridade, a pluridisciplinaridade, a interdisciplinaridade e a transdisciplinaridade são as quatro flechas de um único e mesmo arco: o do conhecimento.
Como no caso da disciplinaridade, a pesquisa transdisciplinar não é antagonista mas complementar à pesquisa pluri e interdisciplinar. A transdisciplinaridade é, no entanto, radicalmente distinta da pluri e da interdisciplinaridade, por sua finalidade: a compreensão do mundo presente, impossÃvel de ser inscrita na pesquisa disciplinar. A finalidade da pluri e da interdisciplinaridade sempre é a pesquisa disciplinar. Se a transdisciplinaridade é tão frequentemente confundida com a inter e a pluridisciplinaridade (como, aliás, a interdisciplinaridade é tão frequentemente confundida com a pluridisciplinaridade), isto se explica em grande parte pelo fato de que todas as três ultrapassam as disciplinas. Esta confusão é muito prejudicial, na medida em que esconde as diferentes finalidades destas três novas abordagens.
Embora reconhecendo o caráter radicalmente distinto da transdisciplinaridade em relação à disciplinaridade, à pluridisciplinaridade e à interdisciplinaridade, seria extremamente perigoso absolutizar esta distinção, pois neste caso a transdisciplinaridade seria esvaziada de todo seu conteúdo e sua eficácia na ação reduzida a nada.
O caráter complementar das abordagens disciplinar, pluridisciplinar, interdisciplinar e transdisciplinar é evidenciado de maneira fulgurante, por exemplo, no acompanhamento dos agonizantes. Esta atitude relativamente nova de nossa civilização é extremamente importante, pois, reconhecendo o papel de nossa morte em nossa vida, descobrimos dimensões insuspeitas da própria vida. O acompanhamento dos agonizantes não pode dispensar uma pesquisa transdisciplinar, na medida em que a compreensão do mundo presente passa pela compreensão do sentido de nossa vida e do sentido de nossa morte neste mundo que é o nosso.
Traducción del Francés Consuelle Falla Garmilla
Traducción del Francés
Consuelo Falla Garmilla
Escuela Nacional de Trabajo Social
Universidad Nacional Autonoma de México
traducere de Horia Vasilescu, editie ingrijita de Magda Cãrneci
Prin cresterea fãrã precedent a cunostintelor în epoca noastrã, capãtã legitimitate problema adaptãrii mentalitãtilor la aceste cunostinte. Miza este considerabilã cãci extinderea continuã a civilizatiei de tip occidental la scarã planetarã ar face ca prãbusirea sa sã echivaleze cu un incendiu planetar de neegalat cu primele douã rãzboaie mondiale.
Pentru gîndirea clasicã nu existã decît douã solutii de iesire dintr-o situatie de declin: revolutia socialã ori întoarcerea la o presupusã "vîrstã de aur".
Dar, ca întotdeauna, existã o a treia solutie. Aceastã a treia solutie face obiectul prezentului manifest.
Armonia dintre mentalitãti si cunostinte presupune ca aceste cunostinte sã fie inteligibile, pe înteles. Dar mai poate exista comprehensibilitate în era big-bang -ului disciplinar si a specializãrilor excesive?
Un Pico de la Mirandola este de neconceput în epoca noastrã. Chiar si unui specialist îi vine astãzi greu sã înteleagã rezultatele obtinute de alt specialist din aceeasi disciplinã. Lucrul acesta nu este monstruos în mãsura în care progresul respectivei discipline se datoreazã inteligentei colective a comunitãtii atasate acesteia si nu doar unui singur creier care, fatalmente, ar trebui sã cunoascã toate rezultatele obtinute de toti colegii-creiere, ceea ce este imposibil. Cãci astãzi existã sute de discipline. Cum ar putea oare dialoga cu adevãrat, astãzi, un fizician teoretician al particulelor cu un neurofiziolog, un matematician cu un poet, un biolog cu un economist, un politician cu un informatician, dincolo de niste generalitãti mai mult sau mai putin banale ? Si totusi, un adevãrat factor de decizie ar trebui sã poatã dialoga cu toti deodatã. Limbajul disciplinar este un obstacol aparent de netrecut pentru un neofit. Iar noi, toti, suntem neofitii altora. Turnul lui Babel este oare inevitabil?
Cu toate acestea, un Pico de la Mirandola al vremurilor noastre poate fi conceput sub forma unui supercalculator în care s-ar putea injecta toate cunostintele din toate disciplinele. Acest supercalculator ar putea sti totul si nu ar pricepe nimic. Nici utilizatorul acestui supercalculator nu s-ar afla într-o situatie mai bunã. El ar avea acces instantaneu la orice rezultat din oricare disciplinã, dar ar fi incapabil sã-i priceapã semnificatiile si cu atît mai putin sã facã legãturile între rezultatele diferitelor discipline.
Acest proces de babelizare nu poate continua fãrã a ne primejdui propria existentã, cãci astfel un factor de decizie ar deveni, fãrã voie, din ce în ce mai incompetent. Sfidãrile majore ale epocii noastre, cum ar fi de exemplu cele de ordin etic, reclamã din ce în ce mai multe competente. Numai cã suma celor mai buni specialisti în domeniile lor respective nu poate, evident, sã dea nastere decît unei incompetente generalizate, fiindcã suma competentelor nu este competenta : în plan tehnic, intersectarea diferitelor domenii ale cunoasterii este o multime vidã. Ori, ce înseamnã factor de decizie, fie el individual ori colectiv, dacã nu acel factor capabil sã ia în consideratie toate datele problemei examinate?
Nevoia stringentã de punti între diferitele discipline s-a concretizat prin aparitia, cãtre mijlocul secolului al XX-lea, a pluridisciplinaritãtii si a interdisciplinaritãtii.
Pluridisciplinaritatea se referã la studierea unui obiect dintr-una si aceeasi disciplinã prin intermediul mai multor discipline deodatã. De exemplu, un tablou de Giotto poate fi studiat din perspectiva istoriei artei intersectatã de aceea a fizicii, chimiei, istoriei religiilor, istoriei Europei si geometriei. Sau, filosofia marxistã poate fi studiatã din orizontul filosofiei încrucisat cu acela al fizicii, economiei, psihanalizei ori literaturii. Obiectul va iesi astfel mai îmbogãtit în urma încrucisãrii mai multor discipline. Cunoasterea obiectului obtinutã în cadrul propriei discipline de studiu este adîncitã de un aport pluridisciplinar fecund. Cercetarea pluridisciplinarã aduce un plus disciplinei în cauzã (istoria artei sau filosofia în exemplele de mai sus), dar acest "plus" se aflã în slujba exclusivã a disciplinei respective. Cu alte cuvinte, demersul pluridisciplinar se revarsã peste limitele disciplinelor dar finalitatea sa rãmîne înscrisã în cadrul cercetãrii disciplinare.
Interdisciplinaritatea are o altã ambitie, diferitã de aceea a pluridisciplinaritãtii. Ea se referã la transferul metodelor dintr-o disciplinã într-alta. Se pot distinge trei grade de interdisciplinaritate: a) un grad aplicativ. De pildã, metodele fizicii nucleare transferate în medicinã duc la aparitia unor noi tratamente contra cancerului; b) un grad epistemologic. De exemplu, transferul metodelor logicii formale în domeniul dreptului genereazã analize interesante în epistemologia dreptului; c) un grad generator de noi discipline. De exemplu, transferul metodelor matematicii în domeniul fizicii a generat fizica matematicã, al metodelor din fizica particulelor în astrofizicã a dat nastere cosmologiei cuantice, al matematicii în studierea fenomenelor meterologice sau de bursã a generat teoria haosului, al informaticii în artã a dus la arta informaticã. Ca si pluridisciplinaritatea, interdisciplinaritatea debordeazã limitele disciplinei însã finalitatea sa rãmîne de asemenea înscrisã în cercetarea interdisciplinarã. Prin al treilea grad al sãu, interdisciplinaritatea contribuie chiar la big-bang -ul disciplinar.
Transdisciplinaritatea priveste - asa cum indicã prefixul "trans" - ceea ce se aflã în acelasi timp si între discipline, si înãuntrul diverselor discipline, si dincolo de orice disciplinã. Finalitatea ei este întelegerea lumii prezente, unul din imperativele sale fiind unitatea cunoasterii.
Dar existã oare ceva între, în si dincolo de discipline? Din punctul de vedere al gîndirii clasice, nu existã nimic, cu strictete nimic. Spatiul în cauzã este vid, complet vid, ca vidul fizicii clasice. Chiar renuntînd la viziunea piramidalã a cunoasterii, gîndirea clasicã considerã cã fiecare fragment al piramidei, generat de big-bang -ul disciplinar, este o piramidã întreagã; fiecare disciplinã afirmã cã domeniul pertinentei sale este inepuizabil. Pentru gîndirea clasicã, transdisciplinaritatea este o absurditate cãci nu are obiect. In schimb, pentru transdisciplinaritate, gîndirea clasicã nu este absurdã dar cîmpul sãu de aplicatii este considerat restrîns.
In prezenta mai multor niveluri de Realitate, spatiul dintre discipline si de dincolo de discipline este plin, asa cum vidul cuantic este plin de toate potentialitãtile : de la particula cuanticã la galaxii, de la cuarc la elementele grele ce conditioneazã aparitia vietii în Univers.
Structura discontinuã a nivelurilor de Realitate determinã structura discontinuã a spatiului transdisciplinar care, la rîndul sãu, explicã de ce cercetarea transdisciplinarã este radical distinctã de cercetarea disciplinarã, fiindu-i totodatã complementarã. Cercetarea disciplinarã se referã cel mult la unul si acelasi nivel de Realitate; de alfel, cel mai ades, ea se referã doar la fragmente ale unuia si aceluiasi nivel de Realitate. ën schimb, transdisciplinaritatea se preocupã de dinamica provocatã de actiunea simultanã a mai multor niveluri de Realitate. Descoperirea acestei dinamici trece în mod necesar prin cunoasterea disciplinarã. Transdisciplinaritatea, fãrã a fi o nouã disciplinã ori o nouã superdisciplinã, se nutreste din cercetarea disciplinarã care, la rîndul sãu, este limpezitã într-o manierã nouã si fertilã de cunoasterea transdisciplinarã. ën acest sens, cercetãrile disciplinare si transdisciplinare nu sunt antagoniste ci complementare.
Cei trei stîlpi ai transdisciplinaritãtii - nivelurile de Realitate, logica tertului inclus si complexitatea - determinã metodologia cercetãrii transdisciplinare.
Existã un paralelism izbitor între cei trei stîlpi ai transdisciplinaritãtii si cele trei postulate ale stiintei moderne.
Cele trei postulate metodologice ale stiintei moderne au rãmas neschimbate de la Galilei pînã astãzi, în ciuda infinitei diversitãti a metodelor, teoriilor sau modelelor ce au strãbãtut istoria diferitelor discipline stiintifice. O singurã stiintã satisface însã deplin si integral cele trei postulate: fizica. Celelalte discipline stiintifice nu le satisfac decît partial. Cu toate acestea, absenta unei formalizãri matematice riguroase a psihologiei, istoriei religiilor ca si a multor altor discipline nu duce la eliminarea acestor discipline din cîmpul stiintei. Pînã si stiinte de vîrf, cum este biologia molecularã, nu pot pretinde, cel putin pînã în acest moment, cã ar poseda o formalizare matematicã la fel de riguroasã ca aceea a fizicii. Altfel spus, existã grade de disciplinaritate în functie de modul în care sunt luate în seamã, mai mult sau mai putin complet, cele trei postulate metodologice ale stiintei moderne.
La fel, luarea în considerare, într-un mod mai mult sau mai putin complet, a celor trei stîlpi ai cercetãrii transdisciplinare determinã diferite grade de trandisciplinaritate. Cercetarea transdisciplinarã corespunzînd unui anume grad de transdisciplinaritate, se va apropia mai degrabã de multidisciplinaritate (ca în cazul eticii); cea corespunzînd altui grad se va apropia de interdisciplinaritate (ca în cazul epistemologiei); iar cea corespunzînd altui grad - de disciplinaritate.
Disciplinaritatea, pluridisciplinaritatea, interdisciplinaritatea si transdisciplinaritatea sunt cele patru sãgeti ale unuia si aceluiasi arc: cel al cunoasterii.
Ca si în cazul disciplinaritãtii, cercetarea transdisciplinarã nu este antagonistã ci complementarã cercetãrii pluri si interdisciplinare. Transdisciplinaritatea este cu toate acestea radical deosebitã de pluri si interdisciplinaritate prin finalitatea sa - întelegerea lumii prezente -, finalitate ce nu se poate înscrie în cercetarea disciplinarã. Finalitatea pluri si interdisciplinaritãtii este întotdeauna cercetarea disciplinarã. Dacã transdisciplinaritatea este atît de frecvent confundatã cu interdisciplinaritatea si pluridisciplinaritatea (cum de altfel si interdisciplinaritatea este deseori confundatã cu pluridisciplinaritatea), aceasta se explicã în cea mai mare parte prin faptul cã toate trei debordeazã limitele disciplinelor. Aceastã confuzie este foarte nocivã în mãsura în care ea oculteazã finalitãtile diferite ale acestor trei noi abordãri.
Chiar recunoscînd caracterul radical distinct al transdisciplinaritãtii în raport cu disciplinaritatea, pluridisciplinaritatea si interdisciplinaritatea, ar fi totusi extrem de periculos sã se absolutizeze aceastã distinctie deoarece într-un asemenea caz transdisciplinaritatea ar rãmîne golitã de întregul sãu continut iar eficacitatea actiunii sale ar fi redusã la zero.
Caracterul complementar al modurilor de cunoastere disciplinare, pluridisciplinare, interdisciplinare si transdisciplinare este pus în evidentã cu fortã în cazul acompanierii muribunzilor. Aceastã abordare relativ recentã în civilizatia noastrã este de o extremã însemnãtate deoarece recunoscînd rolul pe care îl joacã moartea noastrã în propria noastrã viatã, descoperim dimensiuni nebãnuite ale vietii însesi. Acompanierea muribunzilor nu se poate lipsi de o gîndire transdisciplinarã în mãsura în care întelegerea lumii prezente este conditionatã de întelegerea sensului vietii noastre si al mortii noastre în aceastã lume a noastrã.