CIRET |
Centre International de Recherches et études Transdisciplinaires
Pour les anciens, le prestige du passé était celui de l'âge d'or, l'Eden originel que nous avons abandonné un jour ; pour les modernes, le futur devint un lieu d'élection, la Terre promise. Mais le maintenant a toujours été le temps des poètes et des amoureux, des épicuriens et de quelques mystiquesÅ Je crois que la nouvelle étoile - celle qui ne point pas encore à l'horizon historique mais qui s'annonce déjà, indirectement, de bien des façons - sera l'étoile du maintenant.
Les hommes auront très vite à construire une morale, une politique, une érotique et une poétique du temps présent. Le chemin vers le présent passe par le corps mais ne peut ni ne doit en rien se confondre avec l'hédonisme mécanique et trouble des sociétés modernes d'Occident. Le présent est un fruit dans lequel la vie et la mort viennent se fondre. Octavio Paz
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Votre réponse à notre appel pour le développement du CIRET a été magnifique. Nous ne visons pas le nombre mais la qualité. Et justement la qualité de celles et ceux qui ont joint le CIRET est telle qu'une immense responsabilité repose sur nos épaules.
Nous avons également reçu un grand nombre de messages de sympathie. Citons quelques noms : Kathleen Raine (Royaume Uni), Helena Vaz da Silva, Présidente de la Commission Nationale UNESCO (Portugal), Marie-Louise von Franz (Suisse), Werner Arber, Prix Nobel de Physiologie et Médecine (Suisse), Ilya Prigogine, Prix Nobel de Chimie (Belgique), Michel Serres, de l'Académie Française, Olivier Costa de Beauregard, Joscelyn Godwin (USA), Ervin Laszlo (Italie), Pierre Oster, Roland Posner, Fondateur et Éditeur de "Zeitschrift für Semiotik" (Allemagne Fédérale), Walter Thirring, Directeur de l'Institut Ervin Schrödinger de Vienne (Autriche), Kenneth White. Nous leur exprimons nos vifs remerciements. Nous sommes tout particulièrement reconnaissants à Kathleen Raine qui a bien voulu contribuer à ce numéro de notre Bulletin Interactif et qui a fait don au CIRET de la collection de la revue "Temenos".
Tant de sympathie, d'enthousiasme et d'espérance expriment ce que nous avons toujours pensé : la transdisciplinarité est non seulement de notre temps, mais aussi avec notre temps et au delà de notre temps. C'est dans le présent que s'enracine la nouveauté irréductible de notre époque. La transdisciplinarité a la capacité de déchiffrer et de formuler cette nouveauté irréductible à toute idéologie, religion, philosophie ou métaphysique du passé et à toute utopie de l'avenir. Le meilleur mot qui puisse décrire cette capacité est probablement celui d' attitude , une attitude à la fois pragmatique et visionnaire, modeste et trans-formatrice, rigoureuse et ouverte.
Comme pour toute approche nouvelle les dérives ne vont pas tarder à se manifester. C'est pourquoi nous ouvrons, par la nouvelle rubrique Regards transdisciplinaires, un débat de fond sur la transdisciplinarité, auquel vous êtes tous conviés à participer. Nous entendons mener ce débat dans un esprit constructif, loin de toute polémique inutile et loin de tout bruit médiatique, dans le respect du projet moral de notre association et de nos statuts.
Les dérives les plus évidentes sont celles de l'irrationalisme hermétique et du Nouvel Age. D'autres dérives, plus subtiles, comme celui d'un néo-scientisme qui tenterait de transformer la transdisciplinarité en une idéologie de recours d'un système finissant de pensée, pourraient aussi se manifester. Un des instruments méthodologiques privilégiés de cette dernière dérive sera certainement la confusion redoutable entre interdisciplinarité et transdisciplinarité. Il nous semble donc utile d'ouvrir le débat par un texte d'Edgar Morin qui porte essentiellement sur l'interdisciplinarité et sa différence avec la transdisciplinarité. Nous remercions Edgar Morin pour l'autorisation de publication de ce texte, en partie inédit.
Plusieurs propositions de collaboration entre le CIRET et les associations, institutions et publications qui reconnaissent l'urgence de la transdisciplinarité ont été déjà formulées. Notre nouvelle rubrique est aussi destinée à incarner l'interaction en réseau sans laquelle on ne peut pas sérieusement penser à l'avènement d'une recherche véritablement transdisciplinaire. Dans ce contexte nous sommes heureux de publier une lettre au CIRET de Kenneth White, qui porte sur sa vision d'une "stratégie de la mutation".
Basarab Nicolescu