LA MORT –
UNE PROPOSITION REVOLUTIONNAIRE PERMANENTE

 

 

Dans le monde occidental, la mort, aujourd’hui, est perçue comme un échec. Il est paradoxal de constater que plus un pays est développé, plus il cache la mort.

 

Sur le plan historique, on reconnaît une civilisation évoluée par l’organisation de ses rites funéraires. La façon dont elle fit inscrire dans son quotidien, la pensée eschatologique et ses coutumes qui en découlent.

 

L’homme a la prétention de vouloir tout comprendre. De posséder le contrôle sur l’ensemble de son fonctionnement et de ses possibilités. Ce changement peut-être constaté, particulièrement, à partir du développement de l’ère industrielle et scientifique. L’homme voulant tout expliquer et devenir Dieu veut aussi le contrôle, les « fins dernières ».

 

En complément, le recul des religions occidentales traditionnelles et l’inscription de la laïcité comme principe fondateur des civilisations « modernes » ont accentué cette attitude de l’homme face à la mort.

 

Pourtant, la mort fait partie du processus de la vie. Elle ponctue le cycle individuel naissance/mort. Elle est inscrite, en conséquence, comme rythme de la condition humaine.

 

La conscience de la mort est peut-être le travail le plus important auquel devrait se consacrer l’homme. Cette perception nous remet à notre juste place. A titre individuel, la mort nous rappelle l’extraordinaire chance et opportunité que nous possédons. La vie devient, dans ce sens, sacralisée.

 

Le temps individuel qui nous est donné prend une dimension exceptionnelle que l’être doit utiliser dans toutes ses possibilités.

 

C’est pourquoi, afin de changer les mentalités aujourd’hui, l’enseignement de la mort physique devrait s’engager dès la maternelle. Cette conscience permettrait dès le plus jeune âge de valoriser le « miracle » de la vie. Avec comme conséquence, le développement des sentiments de fraternité par rapport à ses frères humains, de respect par rapport à ses supports qui sont notre corps et notre planète Terre. Enfin, nous conduire à la réflexion de notre aventure collective en rapport avec les thèmes philosophiques, religieux et spirituels que cela implique.

 

La mort est une proposition révolutionnaire permanente ; voici un exemple qui peut illustrer ce propos :

 

-       à titre individuel, on ne peut nier que la mort physique est l’arrêt de notre cycle. Elle valorise donc notre parcours et est un rappel permanent pour tenter l’essentiel et oser utiliser toutes les possibilités qu’offre le don de la vie.

-       au titre de l’universel, on peut avancer que la mort n’existe pas. Dans le sens que notre propre mort ne changera rien de fondamental (en apparence) au monde et à ses univers.

 

Ce n’est pas du sophisme que dire de la mort qu’elle est relative sauf pour nous.

 

Ce sujet essentiel ne peut être évoqué sans qu’il nous conduise vers le thème de l’après-mort qui selon les croyances, la foi ou les perceptions de chacun peut être compris comme néant, rédemption, résurrection ou transcendance.

 

Cette deuxième partie est beaucoup plus délicate. Elle est cause de division, alors que la mort physique devrait permettre de réunir dans une même réflexion l’essence véritable de notre pensée humaine et alimenter la perception de nos devoirs envers ceux qui vont –selon l’expression d’Aragon « demeurer dans la beauté des choses ». Cette responsabilité que la mort nous rapelle constamment. Il faut œuvrer pour laisser une trace de cette conscience et participer, même de façon infinitésimale, au développement réussi de la destinée humaine.

 

 

 

 Jean-Paul BERTRAND

Bulletin Interactif du Centre International de Recherches et Études Transdisciplinaires n° 19 - Juillet 2007

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